tokyoalien, j’aimerais vous croire mais je crains malheureusement que les journalistes japonais ne soient guère différents des autres, à part peut-être par leur style. Souvenez-vous, après les attentats du 11-Septembre, le gouvernement a ordonné aux autorités sanitaires de décréter que l’air était sain. Malgré que tous les capteurs étaient au rouge, celles-ci ont obéi et aujourd’hui, des milliers de secouristes et de travailleurs de Ground Zero sont malades, frappés d’une incapacité lourde (faute de capacité respiratoire) ou déjà morts. À Fukushima, créer la panique avec des annonces catastrophiques pourrait avoir des effets dévastateurs ; cela signifierait entrer dans une configuration totalement inconnue où la réaction de la foule pourrait en fin de compte désagréger la société et l’économie. C’est pourquoi les dirigeants politiques, les experts et les journalistes s’appliquent à éviter cette panique et se sentent « responsables » en dissimulant ce qu’il faut dissimuler, et en pesant leurs mots. Ça fait un mois qu’on nous dit sur un ton triomphal que l’électricité est sur le point d’arriver et le circuit de refroidissement de repartir. Sur France Inter, au journal ils ont même annoncé le passage au niveau 7 en l’expliquant par de possibles futures répliques du séisme (ben tiens !). Il est extrêmement facile pour un dirigeant politique d’en appeler à la « responsabilité » des journalistes et de leur demander d’éviter tout discours alarmant. C’est donc tout à fait logique qu’on nous cache des choses et votre confiance aveugle dans les médias me semble, en vérité, être la seule position intenable. Mais pour la tranquillité de la société, mieux vaut que le bon peuple ait présentement confiance dans ses médias, et pense à autre chose...
PS : Ce malheur pourrait être le nôtre un jour prochain, vu le nombre de centrales en France.