Marc Gélone :
Tout cela démontre les qualités intrinsèques du peuple russe.
Si vous voulez. Un astrologue y verrait sûrement les effets d’un trigone Lune-Mercure-Jupiter en maison XII au cours du mois d’octobre 1917.
Et on imagine à quel degré de prospérité et de développement, il aurait
pu parvenir s’il n’avait pas été lancé dans une impasse.
Si l’on considère, d’après les idées d’un certain penseur que vous et moi respectons également, que l’idéologie d’un peuple est toujours pour une part l’expression de ses rêves et de ses aspirations profondes, et en aucun cas fortuite, il est possible que le peuple russe se soit lancé dans cette « impasse » tout seul. Après tout, les élections de 1918 auraient pu donner la majorité à un autre parti que le parti bolchévik. Enfin, il y eut cette autre impasse tentée dans les années 90, et qui s’est avérée un désastre total au bout d’à peine 8 ans : l’ultra-libéralisme.
J’ajoute que, dans toutes ses variantes, elle tue, et que, dans toutes
ses variantes, elle fait faillite, économiquement parlant.
Remplaçons le syntagme « idéologie communiste » dont il est question ici par celui de « fraise tagada ». Nous obtenons ceci : « dans toutes ses variantes, la fraise tagada tue, et fait faillite, économiquement parlant ». Absurde, n’est-ce pas ? Ce n’est pas l’idéologie qui tue et fait faillite, mais des hommes biens réels qui prétendent agir en son nom. Exactement comme les Inquisiteurs ont tué, en prétendant agir au nom du Christ.
Nous sommes sur un quiproquo : je vous parle d’idéologie, en tant qu’objectif ultime à atteindre, et vous me répondez régime, ou méthode de gouvernance (qui peuvent être pluralistes ou totalitaires). Le totalitarisme militariste américain, qui se prétend démocratique (et qui en effet prêche une idéologie qu’on pourrait appeler « parlementarisme marchand »), jette autant de discrédit sur la « démocratie » quand il envahit le Vietnam ou l’Irak que Staline sur le « communisme » lorsqu’il partageait la Pologne avec Hitler. Le régime américain est-il pour autant l’incarnation idéale de la « démocratie » ? Si c’est en effet le cas, je ne la souhaite à personne.
Quoi que vous fassiez, il faudra toujours une minorité pour commander à une majorité.
Je ne le conteste pas. Ce que je conteste, c’est que cette minorité s’arroge le droit de commander pour ne servir, au final, que ses propres intérêts. En ce sens, j’estime - personnellement, bien sûr - que le communisme est une idéologie plus « souhaitable » qu’une idéologie qui prône la prospérité universelle par le libre-échange et la démocratie (amen). À ce stade, cela ne peut être évidemment qu’une question d’opinion, ou de valeurs, si l’on veut.
En tout cas, j’ai eu plaisir à échanger avec vous, vous êtes un débatteur (presque toujours) de bonne foi et cultivé. À la prochaine fois, et bien à vous.