Vous voulez que je vous cite moi aussi des exemples :
-J’ai connu Barbara (son nom de scène, évidemment), de père musulman et de mère espagnole qui subissait la loi des mâles dans sa famille. Je l’ai vue un jour revenir battue par ses frères et enfermée dans une chambre sans nourriture pendant trois jours.
Pour elle, gagner beaucoup d’argent en peu de temps, c’était échapper à cet enfer. Croyez-moi ... ou pas, pour elle le bar et le petit appartement qu’elle louait avec une « collègue » qui travaillait avec elle, c’était le paradis.
-Une autre, algérienne, Linda, autre nom de scène, battue par son mari divorcée, ayant subi un coma de 24h suite à un coup subi à la tête, séparée avec une fille de 12 ans avait commencé par bosser dans la restauration. Son patron ne cessait de la coincer dans tous les coins de son resto afin d’obtenir ses faveurs.
Un jour, une dame rencontrée dans un bus lui a proposé de venir travailler chez elle. Elle a accepté d’y venir en touriste. Puis, peu à peu, elle a pris des clients dont j’ai fait partie.
Très mignonne, elle a très vite accru une clientèle dont beaucoup étaient des habitué, ses ressources lui ont permis d’élever décemment sa fille, qui a toujours ignoré l’activité nocturne de sa mère. Elle était confiée à une amie pendant qu’elle se rendait sur son lieu de travail.
Beaucoup de musulmanes utilisent en Belgique la prostitution pour s’émanciper d’un milieu violent autant que machiste et peu respectueux de la liberté des femmes.
Eux prétendront justement respecter leurs femmes, veiller sur leur respectabilité ; mais là aussi, on est face à un dialogue de sourd, car beaucoup de ces femmes ne souhaitent pas de la forme de respect qu’on veut leur imposer ; c’est de respect de leur liberté, de leur droit à respecter leur choix de vie dont elles ont besoin.
Afin de conclure en répondant plus précisément à votre question, je rappellerai Simone de Beauvoir qui disait que la liberté de l’individu doit s’arrêter où s’arrête celle de l’autre. C’est évidemment également vrai pour la liberté de la société à légiférer. Quand le législateur devient outrageusement liberticide, au point de devenir « normatif » dans des domaines qui tiennent à la vie privée sous le prétexte fallacieux, hypocrite de s’attaquer aux réseaux et aux mafias, on est légitimement en droit de se demander si ce sont bien ces gangsters, ces criminels qui constituent leur préoccupation première. Et depuis le discours du Latran, je suis de plus en plus sceptique.