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Commentaire de LO

sur Télévision sans frontières ni barrières de langues


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LO (---.---.75.204) 13 octobre 2005 02:51

La lecture de ce long débat est très instructive si l’on sait prendre le recul nécessaire pour ne pas se sentir affectivement mis en cause. Mais certaines affirmations sont surprenantes.

Concernant le Volapük, je me rappelle un congrès espérantiste (IS 1986) où j’ai suivi plusieurs cours de Volapük. Je connais des Volapükistes, et d’après ce qu’ils m’ont eux-mêmes dit, tous les Volapükistes d’aujourd’hui pratiquent l’espéranto. J’ai rendu visite moi-même à l’association d’Interlingua, et dans son local rue St Fargeau et lors d’un de ses congrès internationaux (qui n’avait rien à voir avec un congrès universel espérantiste). J’ai même correspondu avec Ric Berger ! celui qui réutilisait les tracts pour l’occidental en collant le mot interlingua par dessus le mot occidental, sans changer le reste du texte. Et je connais d’autres espérantistes qui sont abonnés à des revues d’Ido ou d’Interlingua : il n’y a aucun mépris pour ces langues, mais il est clair que ce n’est pas notre principal centre d’intérêt car nous ne voyons là aucune concurrence, alors qu’eux (hormis les Volapükistes qui concilient très bien les deux) voient dans l’espéranto un obstacle.

Je suis très étonné d’apprendre qu’Henriette Walter, que je connais personnellement depuis plus de trente ans, serait mal vue des milieux espérantistes : on m’a officiellement demandé de l’inviter à une manifestation espérantiste (à laquelle elle n’a malheureusement pas pu venir, à cause d’autres engagements).

Concernant la terminologie, elle se construit en espéranto selon le même procédé que dans toute autre langue vivante. Ce n’est bien sûr pas l’Académie qui définira la terminologie dont on a besoin pour construire un avion, mais l’Académie espérantiste est-elle pour autant moins efficace que l’Académie française ? Créer cette terminologie, cela viendrait automatiquement si un nombre suffisant d’espérantistes se sentaient concernés par la construction d’avions. Un premier texte inventerait sa propre terminologie, puis il pourrait y avoir un débat autour de certains termes et on pourrait, à l’usage, normaliser plus ou moins cette terminologie - encore que même les terminologies nationales ne soient pas unifiées : elle sont souvent liées à la culture d’entreprise. Même parmi les linguistes, il est rare que deux d’entre eux utilisent la même terminologie, et pourtant, avec un minimum d’effort, les linguistes se lisent les uns les autres. Je ne vois absolument pas ce qui pourrait différencier, dans le principe, la terminologie espérantiste de la terminologie d’autres langues, hormis le fait que les espérantistes sont moins riches que l’aérospatiale.

Mazi en Gondolando, sous sa forme originale, est épuisé depuis des années, et moi aussi je le regrette. Le Pasporto por la mondo devrait paraître incessamment sous peu, je l’attends, et je commence à trouver le temps long... mais ces quelques ratés ne peuvent pas remettre en cause l’espéranto en tant que langue. L’espéranto n’a jamais prétendu être une langue parfaite ! quand on a présenté à Ben Gourion le premier voleur arrêté dans l’Etat d’Israël, il a dit : « enfin, nous sommes un véritable Etat ». Plutôt que de critiquer que les Espérantistes ne mettent pas en avant de leurs tracts les petites difficultés qu’on a à faire fonctionner des associations avec des moyens modestes, mais un investissement humain considérable, il serait plus constructif de se retrousser les manches pour que nous ayons de moins en moins de problèmes de ce type.

L’espéranto a survécu à bien des crises, bien des persécutions, bien des difficultés. La revue Monato n’a pas démarré aussi vite que prévu : initialement elle devait s’appeler Semajno... mais elle existe toujours, et je ne suis pas particulièrement inquiet pour ITV, même si ses ambitions initiales étaient un peu démesurées, je le l’ai tout de suite signalé. Le budget normal d’une télévision, même par internet, n’est pas comparable à la somme sur laquelle compte ITV.

Par ailleurs, l’espéranto vient effectivement en réponse à un problème, et certaines situations d’incompréhension facilitent la prise de conscience du problème et la démarche vers l’espéranto ; mais cela ne signifie pas que les espérantistes soient tous des incompris ni que le « complexe de minorité » soit spécifique des espérantistes.

Cela dit, le débat est très utile car la passion qui l’anime conforte l’idée que les résistances à l’espéranto (tout comme les arguments espérantistes) sont souvent plus affectifs que rationnels...

Bonne continuation...


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