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Commentaire de Daniel

sur Alerte sur la pollinisation


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Daniel (---.---.66.62) 9 janvier 2007 11:41

http://www.apitrack.com/informaciontecnica/higesnoscemaceranae122006_es_ope n.htm

Traduction : Raymond Borneck (Ancien Directeur de l’ITAPI)

LE DEPEUPLEMENT DES RUCHES EN Espagne L’origine d’ une hypothèse. M.Higes*, R.Martin*, M.E.Garrido-Bailon*, J.L. Bernal*,M.J.Nozal***,R.Mayo***, A.Sanz*, P.Garcia -Palencia**,A.Meana**.

* Centre Apicole Régional. Direction Générale de la Production de l’ Elevage du Conseil de l’ Agriculture. Assemblée des Communautés de Castilla de la Mancha.

**Département de la Santé Animale. Faculté Vétérinaire. Université Alcala de Henarès de Madrid

*** Département de Chimie Analytique. Faculté des Sciences. Université de Valladolid.

La détection de Nosema ceranae par notre équipe d’ investigation sur les colonies d’ abeilles affectées de dépeuplement n’ a pas été un fait accidentel mais le couronnement de 6 années de travail d’ investigation et de l’ analyse de plus de 8000 échantillons d’ abeilles tant d’ Espagne que de différents pays voisins.

* Le syndrome de dépeuplement des ruches

Ce qui est actuellement connu comme ‘’ le syndrome de dépeuplement des ruches’’ n’ est pas un phénomène nouveau,bien que dans les deux dernières années il se soit manifesté de manière plus évidente et plus généralisée sur tout le territoire national. Notre équipe de travail a identifié la présence d’ un plus grand nombre d’ abeilles avec des spores de Nosema de taille légèrement plu petite qu’ habituellement, dans les premières années du nouveau siècle, au moment où , probablement, le parasite Nosema ceranae a pu arriver dans notre pays.

Dans les années 2003 et 2004 le syndrome de dépeuplement s’est manifesté de façon évidente durant l’ automne et l’ hiver, période où se produit la majorité des pertes dans les ruches. Néanmoins, durant 2005 et 2006, ce phénomène a été détecté tout au long de l’ année , y compris en été, époque à laquelle le dépeuplement ne se manifeste pas dans le cadre de nosémoses dues à Nosema apis. Le seul indice en relation avec la disparition des abeilles sans qu’on les trouve mortes autour des ruches est une diminutions progressive de miel et de pollen causée par la perte de population des abeilles.Il est moins fréquent d’ apprécier la mortalité de celles là dans les ruches que de constater un net manque de vigueur. Durant l’évolution de ce processus il est courant de voir apparaître des pathologies associées dans le couvain ,comme la loque américaine et l’ascosphérose. Notre équipe a commencé les recherches sur l’origine de ce syndrome à la fin de 1999. Mais ce n’ est qu’ à partir de 2003 que les investigations commencèrent à se diriger sur les espèces de Nosema comme agent causal de celui-là, étant donné les évidences scientifiques que nous avions alors obtenues.

*Première hypothèse de travail : action toxique de pesticides

La première ligne de recherche se rapporte à l’hypothèse incriminée par une grande partie du secteur ( à peu près la majorité en France ) dans laquelle la cause serait l’ action toxique de pesticides agricoles bien déterminés. Actuellement c’est la piste causale privilégiée .par le secteur apicole mais non par une grande partie du monde scientifique. Dans l es derniers six ans, nous avons étudié l’ action possible de certains pesticides à usage agricole comme l’imidaclopride (Gaucho) et le fipronil (Regent) utilisés dans le traitement des semences de Tournesol et leur relation avec le dépeuplement des ruches. A cet égard les éclaircissements qui en résultent ont été exposés dans les données présentées lors de la « Seconde Conférence Européenne d’ Apidologie « qui s’ est tenue à Prague, en Septembre 2006.. Quelques uns des travaux présentés à cette occasion confirment scientifiquement que l’ utilisation, en condition de champ de semences de tournesol avec un traitement standard d’ imidaclopride ne détermine pas un risque réel pour les abeilles. Dans d’ autres conditions ce produit est toxique pour les abeilles mais pas dans la relation abeille/tournesol. Quant au fipronil, dans le Congrès cité plus haut ,on trouve des travaux réalisés en condition de laboratoire ou de semi-terrain on y conclut à un potentiel toxique élevé sur les abeilles pour cette molécule bien que cette toxicité n’ ait pas été démontrée en conditions de terrain.

En Espagne, l’ imidaclopride continue a ne pas être autorisée pour le traitement des semences de tournesol. Il est important de signaler que les analyses réalisées par notre équipe entre 1999 et 2001 , tant sur des semences de tournesol que sur du pollen de tournesol,d’ abeilles et de miel provenant de ruches situées dans différentes plantations de tournesol de Castilla de la Mancha n’ont pas mis en évidence cette molécule ou un quelconque de ses métabolites au delà des limites de détection des méthodes d’ analyse employées de l’ ordre du ppb.

En ce qui concerne le fipronil, la situation est différente.

Au jour d’aujourd’hui, cette substance, si elle est autorisée pour le traitement des semences de tournesol, a été utilisée pour la première fois en Espagne en 2004. Cette année là, n’ont reçu de semences traitées au fipronil que 5% du nombre d’ hectares semés en tournesol dans trois de nos provinces seulement. En 2005 et 2006, la situation est similaire. Donc dans le cas où ce pesticide aurait trouvé la possibilité d’affecter les abeilles par l’intermédiaire du tournesol, les problèmes se seraient localisés dans des zones plus concrètes et pour cette raison il ne peut être rendu responsable d’ un problème généralisé à toute l’ Espagne. Durant l’été de 2005 et 2006 nous avons mené à bien une étude de terrain complète sur les répercussions possibles que peuvent avoir sur les colonies d’abeilles les cultures de tournesol issues de semences traitées au fipronil.Dans tous les ruchers étudiés nous n’avons pas trouvé de problèmes toxicologiques aigus ,pas plus qu’ il n’ a été détecté de fipronil ni aucun de ses métabolites dans les échantillons étudiés à cette heure. Néanmoins, dans toutes les colonies d’ abeilles , on a relevé un parasitisme majeur de Nosema ceranae

Quant à la présence d’ autres insecticides dans le pollen de réserve des ruches, nos données actuelles nous indiquent que ceux là ne sauraient être non plus les responsables d’ un problème généralisé tel qu’ il s’est produit dans nos ruches.

* Seconde hypothèse de travail : agent infectieux ou parasite

Les données sur une plus grande importance des agents infectieux et des parasites diagnostiqués dans les échantillons remis au laboratoire écartent le rôle etiologique des virus en raison du petit nombre d’abeilles qui ont donné un résultat positif a ces agents ;La varroose même quand on en élimine pas le rôle certain dans le syndrome n’en semble pas être l’ unique cause puisque le nombre des colonies affectées est maintenu au même niveau au fil des dernières années . L’augmentation progressive dans la détection des spores de Nosema chez les abeilles provenant des ruchers affectés par le syndrome est parfaitement évidente et c’ est dans cette ligne que se sont concentrées les études des dernières années. En juillet 2005 on détecte les premières séquences génétiques qui nous permettent de confirmer la présence de Nosema ceranae chez les abeilles mellifères espagnoles.. En septembre de la même année, se confirme son ample diffusion sur le territoire national qui n’était pas une trouvaille isolée mais que la totalité du territoire national était affectée et qu’on pouvait supposer que la diffusion de Nosema ceranae ne se limitait pas exclusivement à l’ Espagne mais que la logique voulait qu’elle affectât beaucoup d’ autres pays puisqu’ elle est originaire du même hôte et de la même région géographique que Varroa destructor .

Actuellement , nos travaux d’ investigation appuient cette hypothèse et nos conclusions sont jusqu’ici les suivantes :

* Notre équipe de travail a été la première en Europe à détecter la présence de Nosema ceranae parasitant Apis mellifera dans les ruches affectées par le dépeuplement.

* Nous avons confirmé récemment que Nosema ceranae accomplit totalement son cycle de reproduction en moins de trois jours et présente une plus grande capacité pathogène que Nosema apis pour les abeilles mellifères, tuant celles-ci en peu de jours sans aucun symptôme préalable.

* Les méthodes de diagnostic traditionnelles utilisées pour détecter la nosemose dans les ruches ( fondamentalement observation et décompte des spores) donnent des résultats peu fiables et ne permettent pas d’ évaluer l’ état sanitaire réel de la colonie d’ abeilles, ni le niveau de l’ infection ni, non plus, la relation de cette dernière avec les manifestations cliniques.

* Nous avons détecté Nosema ceranea dans les abeilles d’ autres pays européens ce qui confirme qu’ il s’ agit d’ un problème généralisé, au moins dans l’ Union Européenne.Nos données semblent aussi indiquer que cette microsporidie était arrivée avant dans les pays plus orientaux faisant beaucoup plus récemment son entrée en Espagne ( probablement depuis l’ année 2000-2001)

* Nosema ceranae présente chez Apis mellifera un tableau clinique caractéristique différent de celui présenté par Nosema apis et dont la principale manifestation est le dépeuplement, sans l’apparition d’ autres symptômes comme, par exemple, la diarrhée. Nosema ceranae est capable de provoquer le dépeuplement d’ une ruche à elle seule, en un temps variable(de quelques mois à plus d’ une année) temps qui peut se raccourcir en cas d’ association avec d’ autres agents etiologiques.

* Actuellement, Nosema ceranae affecterait la moitié ou plus de 50% les ruches d’ Espagne.Dans quelques Communautés Autonomes cette estimation est supérieure à 80% ce qui suppose un risque sanitaire de première importance comparable dans ces zones au problème provoqué par la varroose

* Nous n’avons pas de données qui permettent, à présent, d’ attribuer le dépeuplement à la présence d’ agro-toxiques étant donné que, dans les échantillons analysés jusqu’ à maintenant, ils ne sont pratiquement pas détectés.

Remerciepments.

Les travaux d’ investigation sur lesquels se basent les résultats qui ont été exposés ici ont été menés à bien grâce au financement de la Junte des Communautés de Castilla de la Mancha (projet 05-280/PA47, de l’Institut des Investigations Agraires( Projet RTA 2005-00152 et du Ministère de l’ Agriculture et de la Pèche et de l’Alimentation( Projet API06-009 ).


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