et ceci en prime (Marianne2) :
Le destin de Dominique Strauss-Kahn était tout tracé : vainqueur des primaires socialistes, il remporterait l’élection présidentielle en 2012, soutenu par la plupart des éditorialistes parisiens. Mais les accusations d’une femme de ménage d’un hôtel new-yorkais ont changé la donne : Dominique Strauss-Kahn, hier encore considéré comme le futur Président, doit désormais répondre devant la justice d’agression sexuelle et de tentative de viol.
Bien évidemment, il faut, comme le martèlent les politiques de tous bords, laisser à la justice le temps de faire son travail. Pourtant, plusieurs responsables politiques ont témoigné leur soutien au directeur du FMI. Ce faisant, et oubliant, pour certains, de mentionner la victime, ils se sont attirés les foudres des organisations féministes.
Pour Osez le féminisme, « Dominique Strauss-Kahn est présumé innocent : rappeler ce fait et attendre les conclusions de la justice américaine devrait suffire. Manifestement, non. Il est très peu fait état de la présumée victime dans les différents sujets ». Hier, en effet, excepté Martine Aubry, Eva Joly et François Bayrou, peu de responsables politiques faisaient mention d’un quelconque respect à témoigner à la victime présumée.
D’autre part, l’association réagit aux propos concernant un DSK « plus séducteur que violeur », appuyés par l’analyse d’une sexologue suisse qui déclare que « Dominique Strauss-Kahn est un séducteur qui ne correspond pas au profil du violeur. ». Osez le féminisme affirme que ces « réactions publiques relayées dans les médias révèlent une méconnaissance totale du viol comme phénomène de société. Parler de « profil du violeur », contribue à entretenir de nombreuses idées reçues encore tenaces ».
Ainsi, les excuses que certains tentent de trouver au directeur du FMI ne feraient que l’enfoncer, puisqu’elles témoignent d’une « grande confusion dans les esprits pour tout ce qui concerne les violences sexuelles » pour Mix-Cité. L’association précise que « la liberté sexuelle, le libertinage n’ont rien en commun avec la violence sexuelle. Le directeur général du FMI n’a pas été arrêté du fait de sa « faiblesse pour les femmes », il est accusé d’un délit grave (agression sexuelle) voire d’un crime (viol) ».
Par ailleurs, de nombreuses blagues fleurissent sur Internet à propos de l’affaire DSK, ce que regrette Mix-Cité. En effet, comme l’explique Osez le féminisme, « le déferlement de blagues sexistes auquel on assiste, parfois sous forme de palmarès, montre à quel point les violences faites aux femmes sont encore minorées dans l’imaginaire collectif ». Et l’association de rappeler que si la gravité des faits était avérée, ils ne seraient pas drôles du tout puisqu’ils « constitueraient un crime ».
Face à toutes les déclarations de soutien à Dominique Strauss-Kahn, quelques voix féministes s’élèvent donc enfin pour défendre la victime présumée, dont certains journaux ont eu la finesse de souligner le sain esprit. Parler de cette jeune femme comme d’une possible affabulatrice et débattre sur son apparence physique contribuera aux « idées reçues largement propagées, dont la plus commune est que (les victimes de viol) l’auraient bien cherché ». A ce sujet, les féministes d’Outre-Atlantique montent aussi au créneau, s’en prenant vertement à ceux qui remettent en doute la parole de la victime présumée, au nom d’une fumeuse théorie complot.
Alors, rien n’est encore prouvé dans cette affaire et il faut laisser du temps à la justice. Mais il y a une victime présumée qui a peut-être été agressée sexuellement. Pour cela, et comme le rappellent les associations féministes, elle mérite tout autant de considération, de soutien et de respect que Dominique Strauss-Kahn.