Vous êtes des imbéciles. L’imbécillité, bien que présente dans une proportion incompressible au sein de toute société, devient extrêmement nuisible quand elle se développe de manière disproportionnée. On assiste alors à des comportements incohérents, irresponsables, imprévisibles à l’échelle d’États, voire de régions entières. Si cela ne peut perturber de façon significative le milieu lorsqu’il s’agit d’États peu développés technologiquement, il en est tout autrement quand le pays en question est doté d’installations et d’infrastructures à risque. Imaginez ce qui se passerait dans des États tels que les États-Unis, la Russie, ou la Chine, si la proportion d’imbéciles explosait ? Ils représenteraient alors un véritable fléau, et ce, à l’échelle de la planète.
Le drame qui frappe aujourd’hui le Japon n’est pas le tsunami ou la catastrophe de Fukushima. Le drame qui frappe le Japon est l’imbécillité, répandue à une échelle consternante au sein de la société japonaise. Ces esthètes austères, ayant eu autrefois un sens de l’honneur, du dévouement, du travail et du perfectionnisme poussés à un degré inégalé, ne sont plus aujourd’hui qu’un troupeau d’imbéciles bêlants.
Non contents d’avoir planté une centrale nucléaire de conception ancienne sur une zone côtière, exposée à tous les ouragans et lames de fond, ils ont de plus entassé dedans un nombre de réacteurs étonnant ; déterminés à toucher le plus de fric possible, les actionnaires imbéciles de Tepco ont réduit à rien et négligé au maximum les précautions de sécurité les plus élémentaires, quitte à falsifier et à travestir la réalité ; enfin, le gouvernement, non moins imbécile que les actionnaires de Tepco, a laissé faire cette monstrueuse absurdité. Lorsque finalement, se produisit ce qui devait se produire - il est d’ailleurs assez incroyable en soi que cela ne se soit pas produit plus tôt - que croyez-vous que tous ces imbéciles ont fait ? Eh bien, ils ont fait la chose la plus imbécile que puisse imaginer l’obscur cerveau du plus sombre des crétins : ils n’ont tout simplement rien fait. Les citoyens japonais, derniers responsables, au final, de leur propre sécurité dans les moments comme ceux-là, lorsque les intérêts privés et la puissance publique font la preuve manifeste de l’incompétence la plus crasse, n’ont rien fait non plus. En tout cas, pas qu’on sache. Et aujourd’hui, deux mois après ces évènements, eh bien... personne ne fait rien. Quatre réacteurs nucléaires continuent de fondre tranquillement dans leurs décombres, empoisonnant les océans, les nappes phréatiques, la terre, l’air, les plantes, les animaux errants. De temps en temps, des imbéciles armés de lances à incendie viennent les arroser, espérant qu’un miracle se produise. C’est d’une absurdité à peine concevable.
Le peuple japonais va probablement disparaître en tant que société cohérente et indépendante à plus ou moins brève échéance. La nature et les lois de la physique ne font pas de quartier.
L’ennui est que cette centrale représente une menace sérieuse pour les États voisins, et, à plus long terme, tous les États de la planète. Il est possible, et, en fait, très souhaitable, que l’un de ces États prenne les choses en main et fasse ce qui doit être fait pour liquider ce désastre, afin de :
- préserver la vie de ses citoyens (ainsi que celle des citoyens des États voisins)
- sauver ce qui peut l’être encore de l’espace habitable de ce qui fut autrefois le Japon
- stopper la contamination du milieu
- prévenir d’autres catastrophes du même genre en arrêtant et en démantelant la totalité du parc nucléaire présent dans l’archipel
- éventuellement, assurer la sécurité des Japonais et s’assurer de leur capacité à survivre, ce qui sera probablement fait par l’imposition d’un gouvernement d’occupation provisoire
Il est probable (et encore une fois, souhaitable), que l’État voisin qui mettra cette politique en œuvre sera la Fédération de Russie, pour des raisons assez évidentes :
- c’est l’État le plus proche du Japon (et donc, le plus exposé à une contamination)
- c’est l’État qui a subi le plus gros préjudice, notamment au niveau des ressources halieutiques et territoriales, et c’est aussi l’État qui a le plus à perdre à laisser la situation perdurer
- la Russie est actuellement le seul pays au monde à disposer d’une expérience concrète de la gestion de ce genre de catastrophe, et pour cette raison le plus à même de coordonner et mener la liquidation de cette catastrophe-là.
Dans l’idéal, cet évènement dramatique aurait dû faire l’objet d’une action urgente et déterminée de l’ONU. Une fois de plus, cette organisation vient de démontrer son impuissance et son inutilité.
Prenez garde aux imbéciles ! Pris séparément, ils sont inoffensifs et même quelquefois attendrissants. En masses, ils représentent un fléau mortel.