Bonjour Monsieur Vanneste,
Ancré comme vous dans le Nord où le franc-parler a encore droit de cité, j’ai savouré cette expression de « pensée magique » s’appliquant à une certaine gauche, qui récuse le principe de réalité dès lors que celle-ci contrevient à sa doxa. On pourrait aller plus loin et constater une dégradation du langage lui-même, qui n’est plus véhicule de communication mais, comme l’a constaté une courageuse professeure de lycée, « parade guerrière », en ceci, que les mots sont isolés du discours et affublés d’une connotation simpliste. On ne réfute plus un argument, on en interdit la formulation.
Mais ne pensez-vous pas que la droite, elle aussi, tombe dans la même dérive ? Je constate la réaction quasi pavlovienne des députés de droite quand il s’agit du logement par exemple, refusant par définition toute encadrement des prix et des loyers alors même que des gouvernements de droite dans le passé n’ont pas hésité à y recourir. Plus généralement, une omerta qui s’applique aux agissements des grands groupes apatrides, notamment les fonds d’investissement, qui pillent notre pays, escroquent l’Etat, et qu’on ne saurait règlementer sans atteindre à la doxa libérale.
Autre tabou, l’Europe. Nous sommes littéralement dans une situation où des atteintes inacceptables à la souveraineté nationale sont commises quotidiennement, or il est hors de propos de les dénoncer, car notre soumission à la supranationalité ainsi qu’aux traités internationaux est non-négociable. Là aussi, comme en matière d’immigration, de criminalité, d’éducation, d’économie, nationale ou globale, la parole est bridée puisque la notion même de souveraineté a été vidée de son sens (est-elle par définition entière ou inexistante ? peut-elle se déléguer, et par qui ?)
Cordialement,