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Commentaire de Bovinus

sur Pourquoi les écologistes sont des criminels


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Bovinus Bovinus 20 mai 2011 12:55

@ Roosevelt_vs_Keynes

Vous êtes clairement de mauvaise foi. Vous avez répondu aux seules parties de mon message qui étaient les plus simples à dévoyer, sans prendre la peine d’argumenter sur le reste, c’est à dire, le contenu. Probablement parce que vous n’avez rien à y répondre, ou bien, parce que vous n’avez pas lu mon message en entier. Pourquoi en ce cas répondre, en ne faisant qu’y répéter ce que vous nous avez déjà dit au moins quinze fois ? Vous avez ouvertement ignoré les points les plus pertinents des arguments écologistes, qui présentent une réelle valeur objective : pollution, mauvaise qualité des aliments, empoisonnement par engrais et pesticides, OGM (au passage, si il vous pousse un bras dans le dos, à force d’en bouffer, ne vous étonnez pas), déforestation, destruction de la diversité biologique, destruction des écosystèmes.

Roosevelt_vs_Keynes :
Et le fait que nos technologies et nos progrès scientifiques ne nourrissent pas à leur faim les 2/3 de l’humanité est dû à une volonté politique oligarchique de maintenir les hommes sous-développés (y compris nous-mêmes, dans nos pays industrialisés).

Ça, je l’avais déjà dit : "Je ne cautionne pas pour autant la répartition que nous faisons des ressources dont nous disposons, qui est fort mauvaise, et qui pourrait être largement optimisée, sans avoir besoin d’augmenter la production pour autant."

Roosevelt_vs_Keynes :
Sur ce dernier point, je vous propose simplement de vous poser la question suivante : pourquoi est-ce l’argument qui est utilisé à la fois par les écologistes, et par les intérêts financiers ; les uns par souci environnementaliste, les autres par intérêt à la fosi d’austérité spéculative et d’empêcher le développement des pays pauvres.

La réponse que vous réclamez est simple : cet argument est inattaquable, parce qu’il se vérifie la plupart du temps. Je pense que les écolos (les « vrais ») y croient et prêchent en conséquence. Les écolo-tartuffes (c’est à dire, les businessmen opérant sur ce secteur précis) et les spéculateurs y voient tout simplement une raison à opposer à ceux qui leur intiment de partager la richesse du Nord avec le Sud. Le raisonnement de Malthus n’y perd pas sa valeur pour autant. Ce n’est pas parce qu’on fait un mauvais usage d’une chose qu’elle devient « mauvaise » ou « fausse ».

Il ne faut donc pas attaquer ces gens-là sur le thème de la rareté des ressources (ce qui est un fait, qu’il vous plaise ou non n’y change rien), mais sur l’usage qu’ils en font, qui est d’autant moins justifié qu’ils dilapident pour leur seul plaisir des ressources rares et pour la plupart, non renouvelables. Le point faible des exploiteurs et des accapareurs est la définition occidentale du droit de la propriété et du droit en général, ainsi que l’usage qu’ils font des ressources qu’ils volent, dont seule une infime partie est réinvestie, et très rarement dans la recherche fondamentale.

C’est ce que fait le marxisme, et, sous d’autres angles, Pierre-Joseph Proudhon, ainsi que Thorstein Veblen. Je vous ferai par ailleurs remarquer un détail qui a son importance : Vernadsky était communiste, et fut décoré de l’ordre de Staline. Il considérait donc probablement le problème crucial de la propriété comme étant réglé, en quoi l’avenir lui a donné tort en 1991. Rien n’indique qu’il ne s’est pas trompé sur d’autres points. Par ailleurs, il n’a jamais, jamais prétendu les choses incroyables que vous, par contre, nous laissez entendre. Il s’est simplement déclaré « confiant », ce qui a toujours été, en effet, l’attitude du parti communiste de l’URSS. L’énergie nucléaire et l’uranium - projet auquel il a travaillé entre 1940 et 1943, mis à l’abri, au Kazakhstan, par le régime - n’en étaient alors qu’à leurs balbutiements et personne n’imaginait ce que ça pourrait donner. En fait, à l’époque, tout le monde était « confiant », même Hitler (qui avait lui aussi des savants brillants).

Aujourd’hui, cependant, on est en 2011. On a vu les bombes nucléaires au Japon en 1945, Tchernobyl et Fukushima. Le nucléaire, tout le monde semble en revenir, d’un coup d’un seul. Comme on n’investit pas en recherche, la méthode de la fusion n’en est à peine qu’au stade expérimental, et on se retrouve pour toute alternative avec des éoliennes, des panneaux solaires et des carburants soi-disant « verts » (qui sont une authentique et énorme imbécillité).

À mon tour d’être de mauvaise foi : laissons Vernadsky de côté. Vous lui faites dire ce qu’il n’a jamais dit, et l’article que vous nous linkez est insuffisamment explicite ou fantaisiste. J’ai trouvé mieux : voici ce que dit Vernadsky lui-même sur la noosphère (désolé, c’est en russe : http://www.trypillya.kiev.ua/vernadskiy/noosf.htm ). Vous avez là l’intégralité de ses œuvres en version électronique : http://vernadsky.lib.ru/&nbsp ; Je suppose que vous ne lisez pas le russe ? Dommage ; en ce qui me concerne, je le lis et je le parle très bien. Il se trouve que j’ai pris la peine de voir un peu par moi-même de quoi parle réellement Vernadsky. Ce n’est pas exactement ce dont vous nous parlez.

Roosevelt_vs_Keynes :
Qui vous parle de rester à la surface de cette planète ? Lorsque Kennedy a lancé son programme lunaire, c’était pour coloniser mars et au-delà. A l’époque, ça ne choquait personne. Ca paraissait même... « logique ». Posons-nous la question : pourquoi ça paraît complètement fou, voire débile et hors propos (« trop de pbs sur Terre », etc.) dans la culture actuelle ?

Deux mots sur la colonisation de Mars, et la conquête spatiale en général. Malthus parle du point spécifique des colonies et de la colonisation en général comme solution au problème des ressources dans son bouquin. La conclusion qu’il fait est que ce n’est jamais une solution, car le développement d’une colonie coûte toujours plus cher qu’elle ne rapporte ensuite, et s’avère extrêmement périlleux. Il s’inspirait d’exemples sur Terre. Qu’est ce que ce serait, alors, sur une autre planète ? Kim Stanley Robinson a écrit une passionnante trilogie sur le sujet (ça devrait vous plaire, c’est de la techno-SF), et ne parvient pas à une conclusion très différente sur ce point précis.

Les seuls, encore une fois, qui y songent sérieusement et y travaillent sont les Russes. Ces gens, contrairement à nous, sont profondément enthousiastes et regardent toujours vers l’avant. Ils ne sont pas aveugles ni stupides pour autant : le recyclage, la parcimonie, la frugalité, le mépris du superflu et la pérennité des produits ont toujours été de mise en Union Soviétique, contrairement au monde occidental de la consommation. Personne de sérieux ne remet en question leur programme martien, même la NASA a reconnu que le programme russe était actuellement meilleur et plus économe et efficace que le sien. Cependant, l’épuisement des réserves pétrolières est prévu pour 2050 environ, c’est à dire, pour après-demain.

Pour conclure, je vais simplement me citer moi-même (encore un paragraphe que vous avez ignoré) :

Il est possible, évidemment, qu’on découvre de nouvelles ressources plus tard, ou de nouvelles façons de combiner celles existant déjà pour en obtenir davantage ; cependant, tant que cela n’est pas fait, compter dessus est irresponsable. De toute façon, on risque pas de découvrir quoi que ce soit avec le peu de moyens qu’on investit dans la recherche fondamentale de nos jours.

J’ai mis en gras souligné le mot-clef, pour vous aider à mieux comprendre. Vous nous invitez à adopter une attitude faussement optimiste et irresponsable. Très peu pour moi, mais libre à vous de faire ce que vous voulez. Malthus reste pour le moment notre meilleure référence, et Vernadsky ne le contredit pas sur le point essentiel de la rareté des ressources. Il est simplement d’une autre époque, d’une autre idéologie et d’un autre pays. Un pays qui se plaçait alors en effet, à l’avant-garde de l’humanité, mais qui n’existe plus sous la forme d’autrefois, tout comme son idéologie.

Considérons la métaphore suivante : un paysan et son champ de blé. Une partie de la récolte est consommée pendant l’hiver, et une partie de la récolte est conservée pour semer de nouveau au printemps. Vous nous dites, en substance, qu’il ne sert à rien de conserver cette partie, car notre créativité nous permettra toujours de pallier au problème des semences. Personne de sensé n’a jamais osé affirmer une pareille chose, tout simplement parce que c’est idiot. Je ne pense pas que vous soyez idiot, je pense que vous raisonnez de travers à partir d’informations peu fiables ; vous avez aussi une forte tendance à l’amalgame.

La démarche que vous adoptez est assez caractéristique des discours sectaires ou charlatanesques en tout genre : trouver une référence légitimante peu connue (en l’occurrence, Vernadsky) bâtir un faux discours à partir de la référence, en inventant si nécessaire, et promettre monts et merveilles, ou bien, combattre une théorie ennemie, ou présentée comme telle (dans notre cas, le malthusianisme). Que comptez-vous y gagner, sur AgoraVox ?


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