« C’est toute cette société de désinformation et de mal information, d’où qu’elle vienne, des milieux privés, politiques, médiatiques, qui nourrit cette crise de confiance. C’est le problème de notre époque, dans laquelle l’information circule rapidement et où les médias n’ont plus le temps de vérifier et de creuser. Cela laisse la place à toutes les interprétations, d’autant plus que le temps de la justice ne correspond plus au temps de l’information. Impatients, les citoyens vont donc chercher la vérité ailleurs. On est tous un peu »conspirationniste« dans un sens. [...] Les seuls qui pourraient corriger le tir, outre les médias, ce sont les autorités politiques, économiques et spirituelles qui doivent éviter de prêter le flanc à des interprétations multiples en dissimulant des vérités, voire en manipulant les faits. »
« Nos médias sont incorrigibles, ils n’apprennent pas de leurs erreurs passées. Trompés régulièrement par les gouvernements, ils continuent sans moufter de relayer leur propagande... avant, au bout de quelques années, de faire parfois leur mea culpa. Chacun a en mémoire la campagne inouïe de propagande au sujet des armes de destruction massives irakiennes, dont quasi tous les médias se sont faits les complices, avant de reconnaître leur aveuglement.
»On se souvient que Tony Blair avait accusé de conspirationniste tous ceux qui prétendaient que la guerre en Irak avait le moindre rapport avec la volonté de tirer profit du pétrole de ce pays ; les médias se rangeaient majoritairement derrière le Premier ministre britannique... jusqu’à ce que, très récemment, ne sortent les preuves irréfutables qui conduisirent certains médias à réajuster leur discours.«
»A l’heure qu’il est, aucune information digne de ce nom, c’est-à-dire vérifiée, n’a pu être apportée qui prouverait que Ben Laden a bel et bien été tué le 1er mai 2011 par les Navy Seals. Et, à défaut d’information, on offre du spectacle, qui vient recouvrir l’absence d’information. Cette tendance à produire de la communication (mort annoncée de la femme de Ben Laden, photo et soi-disant vidéos de Ben Laden, disparition du cadavre, superficie et valeur de sa maison, interview des voisins, etc.), du spectacle avant d’avoir accès à de « véritables » informations, vérifiées, recoupées, validées. Qui seront elles aussi d’ailleurs toujours sujettes à caution. Faute d’informer on amuse la galerie.«
L’histoire de ces manipulations, complaisamment relayées par les médias, serait trop longue à faire ici, et je vous renvois à l’excellent article d’Ignacio Ramonet
»Mensonges d’Etat« , publié en juillet 2003 dans Le Monde diplomatique
(j’en recommande fortement la lecture).
Pour tous ceux qui se contentent de (sembler) refuser toute allusion à quelque complot que ce soit, comme s’il n’existait plus aucun complot sur terre (il faut vraiment prendre les gens pour des imbéciles — ou être soi-même bien malhonnête — pour soutenir une telle ânerie, d’abord, et pour s’en contenter comme contre- »argument« , ensuite), pour ces lumières de sagacité, donc, qui dénoncent courageusement, avec un air entendu, les paranoïaques »théoriciens du complot", je signale un bon dessin de Jean-Pierre Petit, que je trouve, lui, pertinent.