Les révolutions n’éclatent pas forcément dans des périodes de relative accalmie.
La révolution protestante a été une réaction à la mise à feu et à sang de l’Europe par Charles V et François I. La Commune de Paris a fait suite à une guerre, et celle de la Russie a éclaté en pleine guerre.
Quant à la révolution chinoise, qui a fait suite à une longue guerre populaire, on ne peut pas vraiment dire qu’elle ait « éclaté », mais en tout cas elle a triomphé à la suite de la II guerre mondiale.
En revanche, la révolution des Albigeois, qui se voulait pacifique, a été écrasée par une croisade implacable et par un siècle et demi d’Inquisition. Mais les mêmes idées et intérêts de classe sociale ont fini par se frayer une voie avec la Réforme protestante. La Révolution Française a, enfin, constitué un grand pas en avant de cette même révolution mais deux siècles et demi après Calvin.
Souvent, les révolutions et les organisations et mouvances à l’origine révolutionnaires finissent par être détournées de leurs objectifs. L’échec historique du Parti Communiste de l’URSS nous l’a encore rappelé.
Et combien de francs-maçons de la fin du XVIII siècle auraient approuvé le discours de Jules Ferry du 28 juillet 1885 sur les « droits et devoirs » des « races supérieures » à l’égard des « races inférieures » ? Voir, pour le texte complet tiré du Journal Officiel :
http://scientia.blog.lemonde.fr/2009/12/12/le-discours-de-jules-ferry-du-28-juillet-1885-i/
ou encore, le rôle de Cecil Rhodes en tant que fondateur de l’apartheid, ce qui ne l’empêche pas de figurer sur la liste des Famous Masons de la United Grand Lodge of England :
http://www.ugle.org.uk/what-is-masonry/famous-masons/
Ce qui est vrai pour les révolutions et les courants opposés au système en place l’est aussi pour le mouvement social en général, directions syndicales comprises. C’est vrai que le lobbying « transversal » et les différents réseaux ont un grand pouvoir de récupération.
Même problème pour un certain nombre de sites internet qui à l’origine se disent citoyens, livres, ouverts, etc... et ensuite la « normalisation » arrive. Qui aurait pu soupçonner que Wikipédia en arriverait à censurer de plus en plus, et à mettre en place un inquiétant dispositif de police virtuelle ? Voir, par exemple, ses pages sur le « test du canard » ou la « vérificateur d’adresses IP » :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Test_du_canard
http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:V%C3%A9rificateur_d%27adresses_IP
ou en anglais :
http://en.wikipedia.org/wiki/Duck_test
http://en.wikipedia.org/wiki/Wikipedia:DUCK
http://en.wikipedia.org/wiki/Wikipedia:CheckUser
Plus globalement, que peut-on attendre des pouvoirs privés dans l’internet ?
Pour autant, faut-il en conclure que toute mouvance collective est inévitablement destinée à la récupération ? Le système lui-même s’est souvent trompé à ce sujet.
Cordialement
Le Collectif Indépendance des Chercheurs
http://science21.blogs.courrierinternational.com/
http://www.mediapart.fr/club/blog/Scientia