@
Citoyen Canard,
Vous
avez bien voulu, pour finalement « recadrer le débat » (sic), nous
signaler ceci :
- Une condition de
la démocratie de Roland Weyl (conférence en ligne)
Je
vous remercie chaleureusement car vous apportez de l’eau à mon moulin. Je
cite quelques passages, que je pourrais signer moi-même :
(Minute
3:54) "Tout le 19e siècle va être
une bataille pour donner le contenu de souveraineté populaire à une confiscation
de la démocratie par la doctrine de Tocqueville : les élus sont les élus de la
Nation et la Nation est une globalité ; à partir du moment où ils sont élus,
ils assument la souveraineté de la Nation (non pas la souveraineté du
peuple)."
(Minute
5:22) "La fiction de la souveraineté va jusque-là. La souveraineté
populaire devient alors une caution ;
les élus tirent leur légitimité de ce qu’ils sont élus, mais le peuple ne
vient là que légitimer un pouvoir qui lui est confisqué. C’est une bataille
fondamentale aujourd’hui."
(Minute
6:37) "Aujourd’hui, nous vivons dans la caricature la plus sublimée de la
souveraineté populaire par ce qui est
sans doute un des plus grands fléaux de la crise de société qui est la
délégation de pouvoir."
Je n’invente rien, je retranscris
mot pour mot la conférence que vous me signalez pour me « recadrer »…
:)
Citoyen Canard, comment
pouvez-vous être d’accord à la fois avec cet auteur que vous signalez comme
utile et qui dénonce l’escroquerie politique que renferme le principe même de
la représentation politique par élection et, en même temps, prôner l’élection
comme seule technique raisonnable de désignation des membres de l’Assemblée
constituante ? Moi, ça me paraît incohérent, mais c’est peut-être un
malentendu.
Plus loin (minute 8:58) : "La souveraineté populaire, ce n’est
pas celle qui est déléguée, c’est celle qui est exercée en permanence. (…) La
souveraineté populaire doit être une souveraineté exercée. (…) La
représentativité ne doit pas être délégataire, mais instrumentale."
Il est bien, ce Roland Weyl,
en effet : je signe tout ça, sans problème, Citoyen Canard :)
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Cher Canard Républicain, j’ai
envie de vous proposer une technique
intermédiaire entre l’élection et le tirage au sort, une astuce
intelligente qui permet d’habitude de rapprocher
les points de vue (car je suis sûr, en effet, qu’au-delà de quelques
frictions polémiques entre militants, nous cherchons au fond la même chose, le
bien commun) :
Que pensez-vous, Citoyen
Canard, de L’ÉLECTION SANS CANDIDATS ?
Il s’agit de se déprendre de ceux qui veulent le pouvoir
(depuis Platon, on sait que ce sont le derniers à qui il faut le donner), tout en gardant la liberté de choisir nos
représentants, mais en prenant bien garde à ce que ce choix reste RÉEL, LIBRE,
sans nous trouver enfermés comme aujourd’hui dans les faux choix imposés par
les grands partis politiques, toujours servilement vendus aux plus riches.
Procédure : chacun d’entre nous
désignerait autour de lui quelques personnes de son choix qu’il considère comme
« valeureuses », dignes de le représenter. Et ensuite, on peut imaginer
de, soit tirer au sort parmi ces
valeureux (méthode égalitaire et incorruptible), soit retenir ceux qui sont les plus souvent élus (ce qui donnerait
une prime peut-être discutable aux citoyens médiatisés, pas forcément les
meilleurs).
Comme avec le tirage au sort (ou presque), il me semble
que ce mode de désignation (libre) permettrait au peuple de composer une
Assemblée constituante DÉSINTÉRESSÉE.
Car, selon moi, c’est
précisément ce désintéressement réel des députés constituants qui est LA
condition sine qua non pour sortir de
ce que j’appelle « la préhistoire de la démocratie ».
Qu’en pensez-vous ?
Cordialement.
Étienne Chouard.
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/En_Vrac.pdf