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Commentaire de Philippe Vassé

sur Crise de l'euro : les peuples saignés, les Etats menacés


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Philippe Vassé Philippe Vassé 7 juin 2011 12:07

Cher Jean d’Hôtaux,

Je vous sais gré de votre contribution qui est fort intéressante et dont je note avec intérêt qu’elle ne contredit en rien la ligne de force des évènements, leurs causes et effets.

Vous abordez avec finesse et sagesse des observations qu’il convient de prolonger afin d’aller au-delà des apparences, souvent trompeuses :

1- la crise politique belge est une conséquence directe de la politique de la Commission européenne de promotion des régionalismes au sein de l’UE -l’Italie en donne aussi un exemple flagrant avec la Ligue du Nord en Lombardie, laquelle orientation vise à affaiblir les Etats nationaux au compte final du pouvoir central autoritaire, mais non démocratique, de ladite Commission. Le « conflit artificiel » créé de toutes pièces entre Flamands et Wallons est ainsi le résultat d’une orientation de dislocation rampante de l’Etat belge. Exactement comme entre Italie du Nord et du Sud (le fameux Mezzorgiorno). C’est bien la Commission européenne qui a encouragé ces régionalismes dislocateurs afin de briser les résistances à son emprise directe anti-démocratique.

2- Qu’une pensée économique unique soit le reflet public, écrit et oral, d’une orientation politique unique est un phénomène naturelle. Ce que vous indiquez dans votre point 2 n’est qu’une reformulation policée, lissée, adoucie, des exigences fondamentales de la spéculation, non pas pour sauver des Etats et/ou des peuples, mais l’argent des spéculateurs.

3- Quant à l’influence de l’UE et de l’euro, vue dans la durée et la perspective, pour l’ensemble des peuples d’Europe, et plus particulièrement du centre et de l’est, le bilan est en effet désastreux : la Hongrie renoue avec un passé sombre teintée de xénophobie et de cléricalisme menaçant pour les libertés, la Tchéquie va de crise en crise en silence, la Slovaquie est de celles qui s’allient à l’Allemagne pour ne plus payer pour la Grèce, alors que le pays est en récession, la Grèce est dans la situation que l’on sait, l’Albanie est toujours laissée dans sa situation de misère, le Kosovo reste un Etat artificiel sous protectorat direct de Bruxelles (Commission européenne), la Bosnie et la serbie voient les plaies sanglantes et récentes du passé être régulièrement réchauffées, l’Ukraine se tourne de nouveau vers Moscou, la Pologne continue à végéter en crise économique latente, les Etats baltes pratiquent une politique d’austérité qui va bientôt ramener ces pays en dessous de leur PIB de l’époque soviétique. Quant à la Roumanie et la Bulgarie, ce sont des pays qui comptent surtout sur eux-mêmes pour survivre et tenter de se développer.

Tous ces Etats sont instables, quand ils ne sont pas gangrenés par des mafias diverses, la corruption et une violence endémique.

Le tableau issu des faits montre une zone qui réussit à « tirer son épingle du feu » avec difficultés (Allemagne, Hollande, pays nordiques), tous n’étant pas de la zone euro, une zone en crise (la partie ouest et sud du continent), et une dernière zone en abandon complet : la partie est et les Balkans.

Si,enfin, les conflits ont été jugulés ici ou là par la force militaire (Kosovo, Bosnie) ou la pression politique ( minorités d’Europe centrale et des Balkans), la crise de l’euro et de l’UE crée les conditions propices à une inflammation générale des problèmes anciens et non-résolus dans leur fond politique.

Ceci est la réalité, dure, cruelle, mais vraie.

Les mots et les phrases ne peuvent plus cacher les faits réels.

Bien cordialement,


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