Vous avez raison, tout n’est pas dit, loin s’en faut.
Néanmoins, le premier point cité constate un état de fait auquel on ne peut rester aveugle. Il est inacceptable que la finance spéculative détruise l’économie réelle en misant, tantôt sur le rouge, tantôt sur le noir, la cristallisation d’efforts humains que représente tout capital. Ce jeu doit cesser car il détruit non seulement le sens de l’effort économique des hommes sinon, aussi, tous les efforts de construction politique dans le monde.
Le deuxième point est une évidence, peut-être naïvement exprimée, qui ne souffre aucune contestation. L’homme change le monde depuis l’apparition des premiers groupes humains.
Le troisième point est la charnière entre l’indignation intuitive et la recherche, pragmatique, de solutions réelles. L’insurrection, même pacifique, fait peur mais s’insurger est la condition sine qua non de la prise de conscience individuelle. La conscience collective n’est pas autre chose que l’ensemble des consciences individuelles. Ce n’en est pas la simple somme, sinon un ensemble, déterministe bien que non-linéaire, de trajectoires dont on ne peut prédire l’évolution particulière de chacune d’entre ’elles, mais qui conforment un système soumis aux lois de la probabilité donc prévisible dans ses tendances.
Qui dit prévisible, dit aussi manipulable, c’est une autre évidence. C’est pourquoi le discours rationnel et scientifique - au sens de la méthode - est, aujourd’hui, plus que nécessaire, vital même. C’est une question de vie ou de mort que de défaire les amalgames intéressés, propulsés au rang de vérité gravée dans la pierre par les idéologies de tous bords, par les manipulateurs de toujours et les nouveaux arrivés dans la discipline, les messies de la morale populacière.
Je propose un énorme amalgame, imbuvable et immangeable, à défaire pour commencer. Celui qui regroupe toute la finance, les marchés, les banques - centrales, privées ou publiques, de dépôts ou financières - et ses banquiers systématiquement assimilés à des gangsters, le capitalisme libéral du laissez-faire de Hayek, Friedman et Von Mises avec les écoles keynésiennes, le mondialisme prôné par les spéculateurs internationaux sous le couvert d’un concept, la liberté économique, détourné et vidé de son sens, avec la nécessité évidente d’une règle du jeu mondiale.
Si cet amalgame ne peut se défaire, tout explosera. Nul besoin d’être devin pour le prévoir.