Vous n’avez pas tort sur le constat, mais votre analyse est partielle. En effet, beaucoup de « jeunes » (pas tous, loin de là), mais un certain contingent, ont « tout ». Ils ont peut-être dû se contenter d’une Peugeot au lieu d’une Mini Cooper et n’ont peut-être pas le tout dernier I-Phone, mais matériellement, ils ne sont pas à plaindre.
On ne naît pas « gros nul » ou « blanc bec ». C’est l’éducation et le milieu familial qui nous rendent tels ; les mécanismes de reproduction socio-économique fonctionnent merveilleusement bien, et ceux dont les parents sont en état de leur assurer une vie confortable en font des handicapés en voulant faire leur bien. Ceux-là, ces jeunes-là ne savent pas s’indigner naturellement, comme vous le dites. Ils n’ont aucune raison pour cela.
Notez que la définition du « jeune » est devenue très extensive, à force de véhiculer le « jeunisme » par les médias et toute une branche de produits, on se retrouve avec des « jeunes » de quarante balais, mais qui dans leur tête en ont tout juste quinze, lisent des BD et jouent à World of Warcraft. Pourtant, ce « tout » matériel, l’abondance des produits, le confort de vie, et la sécurité qui va avec, ne sont en vérité pas grand-chose. Il leur manque l’essentiel : des rêves, un avenir, une tâche à accomplir.
C’est cela qui les inquiète. Et, quelque part, ça commence à les indigner. À force de ne pas savoir à quoi s’occuper, les plus curieux et les plus doués finissent par chercher à comprendre ce qui se passe autour, à se rendre utiles, à vouloir travailler dans une ONG ou dans « l’humanitaire ». À force de fouiller, de découvrir, de chercher, certains commencent à apercevoir les dessous de toute cette mascarade, se rendent compte qu’ils sont sous perfusion depuis le berceau et qu’on leur injecte de la drogue dans le crâne. Certains en reprennent bien vite une bonne dose, et s’en retournent à leur apathie béate ; d’autres, néanmoins, débranchent la machine à droguer. Le choc est rude.
Car, en effet, quand on tombe dans l’indignation trop tôt, on finit par ne même plus y être sensible. On développe naturellement une forme d’apathie volontaire, qui protège la santé mentale en endormant la conscience. C’est une forme d’aliénation, qui fait des pauvres, des petits, des humbles de parfaits esclaves dont les puissants peuvent faire quasiment ce qu’ils veulent, car ils sont maîtres de leur survie.
Quand on commence à y voir à peu près clair, pourtant, résister au monde actuel, le rejeter et le combattre, apparaît comme une tâche à accomplir tout à fait essentielle ; on se met alors à rêver à un monde meilleur, et on commence à se construire un éventuel avenir, très hypothétique et très incertain, mais un avenir quand même. C’est aujourd’hui le prix de l’essentiel ; en comparaison, le confort matériel, quelques dérisoires gadgets technologiques, apparaissent d’autant plus inutiles. Pour certains, pour beaucoup, peut-être, l’indignation, même un peu forcée et enseignée par procuration par papy Hessel, pourrait être le déclic indispensable.
Rien que pour cela, son œuvre est utile et respectable.
09/06 08:30 - bnosec
Ce qui m’indigne, c’est qu’un homme écrivant tant de platitudes soit élevé au (...)
09/06 04:18 - Claudec
Il suffit de lire un extrait de « Indignez-vous » (édition originale et complète, faute (...)
09/06 04:10 - le journal de personne
Dégâts, défis ! Ciel, injuste ciel, à part la justice Que pouvions-nous étreindre ? Camarades, (...)
08/06 23:53 - Croa
« C’est l’éducation et le milieu familial qui nous rendent tels » Ce n’est (...)
08/06 23:47 - Croa
à Bulgroz Alors, par quoi es-tu indigné ? :-(( J’insiste ! :-((
08/06 23:43 - Croa
« ça devrait suffire, pour tout esprit critique, à faire émerger le doute... » Quelque part (...)
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