Renvoyons Christian Blanc sur les bancs d’école, puis examinons les
suggestions de deux autres diplômés de l’ENA, tous deux anciens
locataires à Matignon, Alain Juppé et Michel Rocard qui, malgré leurs
différences de nuance politique, s’entendent sur un autre salut, la
croissance verte, ou du moins le développement durable, qui passe
notamment par la réduction des gaz à effet de serre afin de limiter le
réchauffement climatique. Hélas, c’est une ânerie de plus, le climat
étant, bien plus que la croissance économique, un phénomène non
maîtrisable et même hors de portée de toute maîtrise. Mais il faut bien
faire croire au bon peuple qu’il y a un salut. En manipulant l’opinion
sur le problème climatique et sur les solutions à apporter. De quoi
éteindre tout questionnement. La volonté de contrôle du climat relève du
délire, d’une psychose telle qu’on peut la rencontrer dans certains
mouvements sectaires. C’est aussi un signe d’une époque crépusculaire,
au sens de Broch, une époque qui par ses peurs, ses phobies et ses
délires, rappellera sans doute la fin ultime du Moyen Age après les
longues hésitations de la Renaissance. Une époque étrange, située autour
de 1600, qui vit Giordano Bruno condamné au bûcher alors que les
tribunaux princiers instruisaient avec l’appui des ecclésiastes les
procès en sorcellerie. Les autorités chassaient le démon comme en 2010
on traque les émissions de gaz carbonique et les virus grippaux. Le
manque de discernement des gouvernants est inquiétant. Pourtant, mis à
part le cas Rocard, excusé pour raisons médicales, les gouvernants ne
sont pas incompétents. Sont-ils malhonnêtes ? Pas vraiment. Ils sont
juste à côté de la plaque, à la masse pourrait-on dire, ou disons, au
service des masses, obligé de répondre à ce désir d’action politique qui
naît à la fois des psychismes populaires perturbés et de l’inquiétude
technologique et sociale poussant les politiques à proposer des
solutions afin de calmer les gens à qui on a implanté dans opinion
cérébrale des problèmes, sans réfléchir au problème de l’opinion et
mettre en question la problématisation du monde par des spécialistes
croyant devoir agir, user de la technique, s’agiter, causer. Même Edgar
Morin s’égare dans cette frénésie d’agir, lui qui croit que la voie
consiste en un feu d’artifice de réformes interconnectées, autrement dit
d’un conglomérat de savoirs-faires spécialisés dont la conjonction
produit un salut par un tour de passe-passe rétro-éco-réformateur dans
une boucle synergétique inventive d’une société monde cybernétique dont
la religion est celle de la terre patrie. Tous ces agitateurs, de Hulot à
Jancovici, de Jovanovic à Al Gore, de Lepage à DSK, croient œuvrer
correctement pour une juste cause mais ils servent surtout leur propre
position et si jamais la donne idéologique se modifiait, ils perdraient
de sitôt leur notoriété et leur gagne-pain assez juteux il faut le dire.
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