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Commentaire de Lorelei

sur Débat autour de la prostitution - L'esclavage sexuel labélisé et pépère...


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Lorelei Lorelei 23 juin 2011 18:11

Aujourd’hui, le texte majeur de l’abolitionnisme, la Convention internationale pour la répression de la traite et de l’exploitation de la prostitution d’autrui (1949),subit une destruction orchestrée par les lobbys réglementaristes pressés d’ouvrir la voie aux profits immenses liés à la prostitution.
Ce texte, adopté dans une période éprise de liberté et de dignité, celle de l’après-nazisme, abolissait toute réglementation, toute discrimination à l’égard des personnes prostituées et faisait peser toute la répression sur les proxénètes et les organisateurs de la prostitution. 
Aujourd’hui, la régression est en marche. De grands états européens légitiment le prétendu « travail du sexe » et les revenus de ses puissants managers en costume-cravate. La prostitution est en passe de devenir, dans l’indifférence générale, un métier possible dans le cadre du « service public ».

Face à ce cynisme libéral qui semble devenir le seul horizon de la pensée, nous ne baisserons pas les bras. Les abolitionnistes se sont battus pour en finir avec la réglementation de la prostitution. Ils continueront pour refuser la prostitution elle-même, un archaïsme indigne de nos démocraties.

L’abolitionnisme caricaturé... réponse à nos détracteurs

Pour rajeunir cette séculaire exploitation qu’est la prostitution, ses défenseurs, favorables à la légalisation des « métiers » de prostituée et de proxénète, ont su construire un discours idéologique l’assimilant à la modernité et à l’émancipation et renvoyant toute critique du côté de l’ordre moral.

Vous voulez interdire la prostitution.

L’abolitionnisme n’a jamais voulu interdire la prostitution. Il a toujours considéré le prohibitionnisme comme une hypocrisie et affirmé son refus des mesures discriminatoires infligées aux personnes prostituées.

C’est bien davantage le réglementarisme, pourtant présenté aujourd’hui sous un jour libertaire ou « tolérant », qui induit un système policier. Il prétend en effet contrôler et poursuivre toutes celles - l’immense majorité, comme le prouvent les expériences allemandes et néerlandaises - qui refusent de se faire enregistrer.
C’est lui qui, en légalisant la prostitution prétendument libre au nom du pragmatisme et de la lutte contre la traite, aboutit en réalité à traquer les étrangères en situation irrégulière et à les vouer à l’expulsion.

Vous ne connaissez que la prostitution sordide des trottoirs.

De plus en plus, les personnes prostituées qui s’adressent à nous sont issues des bars à hôtesses, des salons de massage ou de la prostitution par Internet, y compris des escorts girls. Prostitution étudiante, prostitution « de luxe », prostitution masculine ou transgenre, il n’est guère de forme de prostitution qui nous soit inconnue. Les témoignages que nous publions le prouvent d’ailleurs largement.

Vous parlez d’abolir la prostitution. En fait, vous voulez abolir les prostituées.

Nous serions soupçonnés, puisque nous refusons la prostitution, de vouloir supprimer les personnes prostituées. Depuis quand ceux qui ont lutté pour l’abolition du travail des enfants ont-ils été accusés d’être contre les enfants ?

Il s’agit une nouvelle fois d’entretenir la confusion. Notre combat contre la prostitution n’a jamais été un combat contre les personnes prostituées que le Mouvement du Nid écoute et accompagne quotidiennement. Nous sommes pour les personnes prostituées, et à leurs côtés, mais contre la prostitution.

Vous parlez à la place des personnes prostituées.

Le Mouvement du Nid part au contraire de la parole des personnes prostituées, entendue chaque jour sur les lieux de prostitution ou dans les permanences d’accueil. C’est bien à partir de leur expérience, marquée par une violence omniprésente, qu’il a conçu sa critique de fond du système prostitutionnel.
Le Mouvement du Nid sait à quel point l’immense majorité d’entre elles est privée de parole, paralysée par la honte et le mépris qui socialement ne pèsent que sur elles.




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