Ah la la, quelle boîte de pandore que ce sujet du noir !
Sans doute aurait-il fallu faire un retracement de son histoire. Mais là, à l’improviste, il me vient des tas de réflexions que je vous livre en vrac.
Je pense déjà à deux éléments. Le noir de charbon, de fumée ou de suie et le noir de l’encre de seiche ou pieuvre.
Ces deux éléments (mais peut-être y en a-t-il encore d’autres) auront joué un rôle considérable dans la position et le rôle de la « couleur » noire dans l’Histoire de l’Humanité.
De toutes les époques de notre Histoire hexagonale, il me semble que le noir n’est devenu central qu’à partir de N III et je ne sais pas bien pourquoi.
Si l’on s’en tient à l’architecture urbaine, le noirisme du Second Empire ne saute pas aux yeux. Mais dès qu’on observe le reste, on le voit partout. Pourquoi ?
Jamais les manteaux, les chapeaux, les cannes, les chaussures, les voitures attelées, les meubles, les machines à coudre, les rubans, n’avaient été aussi noirs auparavant. Nulle part au Monde non plus.
Pourquoi une locomotive à vapeur est-elle noire ? Bin je dirais que vu la salissure de la fumée, c’était le mieux à faire. Autrement dit, on devrait aux enfumages industriels d’avoir tant cultivé le noir ? On aurait été fiers de nos fumées à ce point là ?
Certes, l’époque N III se caractérise par les fumées érigées en gloires, même sur la mer ; et les Monet, Sisley et autres Turner ont été très attirés par ces noirs surgis de l’industrialisme. Certes les mineurs de Lorraine étaient noirs. Certes les ébènes des colonies, qu’ils fussent de bois ou de chair, étaient noirs. Mais est-ce suffisant pour expliquer une telle fascination pour le noir ?
(Les peintres se sont régulièrement creusé les méninges pour trouver le moyen de reproduire sur leurs toiles, le vrai noir. Ce n’est donc pas si facile qu’un béotien pourrait le croire. Quant à reproduire un huit-reflets, ouille)
Le drapeau noir des anarchistes de 1831 devint très emblématique sous N III. Paradoxal non ?
Toujours est-il qu’après Ford et sa T noire, après le whisky Black & White, il y a eu le jazz noir, Chanel qui ne jurait que par le noir et le blanc et la stigmatisation de Walt Disney qui, après Mickey, passant à la colorisation, revêtit de noir les capitalistes et de couleur les naïfs.
Ensuite, il y a eu les délires colorés des hippies. Les lunettes comme les visières des motos passèrent au rose et on visa à même à produire des microsillons en matière plastique colorée.
Dans tout ça, l’imprimerie battait son plein et les mots étaient bel et bien écrits en noir sans plus d’enluminures. Tous les plans d’architecture ou de l’industrie étaient réalisés à l’encre de seiche la plus noire. Si le prof écrivait à la craie blanche sur tableau noir mat, les élèves utilisaient une encre plus souvent bleue ou violette.
Il y a eu l’épisode du Hindenbourg avec son emblème noir et la seconde guerre mondiale apparut comme un bras de fer entre des drapeaux à coeur sombre et les drapeaux à coeur clair.
Puis il y a eu l’informatique.
Et là, à contre courant de l’imprimerie et pour des raisons techniques, les mots apparurent en couleur sur des écrans noirs qui devaient être le plus mat et sombre possible. Le mot passait d’un éclairage négatif à un éclairage positif. Et cela pendant que les enseignes des commerces éclataient de lettres lumineuses.
Ce n’est que grâce à de nouvelles prouesses technologiques qu’on a pu revenir aux lettres éclairées négativement sur nos écrans.
(Notons que parmi les éléments de performance des écrans actuels, figure leur possibilité de fournir un noir très noir).
Il y a eu Hiroshima, qui a engendré le butō où les danseurs, visant à reproduire le lendemain de l’explosion, se griment de blanc mat sur fond noir mat.
Le B-52, après avoir été objet de fierté et d’assurance occidentale, est devenu en une seule guerre mais quelle guerre, le symbole d’abus absolu.
Le B-2 , furtif et noir, quoique également bombardier, avait de bonnes chances de récupérer la fascination première qu’avait provoquée les B-52 avant leurs massacres. Il suffira de se dire que contrairement au B-52 qui ne bombardait que des gens en tongues, le B-2 ne tue que des dictateurs armés jusqu’aux dents et on saura en être fier.
La furtivité B-2 et Ninja reste, pour l’instant, synonyme d’intelligence mise au service de l’élimination de vilains méchants. Ses bombes passent pour être mieux guidées. On peut donc en récupérer la transcendance et s’en servir comme argument dans la vie civile. Exemple par le Wallypower
Plus récemment, il y a eu l’impact du bon mot d’Eric Dommenach « Bling-bling ».
Cette expression contenait une dénonciation du brillant.
Le clinquant devenant rapidement un repoussoir, nous allions forcément en venir à verser dans le noir mat, surtout dans le luxe.
« Quoi, une Rolex en or blanc brillant vous vaut des remarques acerbes ? Qu’à cela ne tienne, nous allons vous en produire en titane sombre et mat. Alors heureux ? »
« Ah bah voui, comme ça c’est mieux ! »
Un mot sur l’évolution des peintures et revêtements techniques.
Globalement, le mat a toujours été plus salissant que le brillant. Or une feuille de nénuphar est mate et reste propre. Cherchant à résoudre le problème de l’ensalissement des vitrages pourtant brillants, nos ingénieurs sont parvenus à fournir des finitions mates qui ne se salissent pas trop. On peut donc fabriquer désormais de plus en plus de produits mats qui conservent bel aspect.
03/07 11:15 - SATURNE
L’auteur est sans doute un brin jeune pour comprendre toute l’ironie involontaire (...)
30/06 17:13 - Lucadeparis
Ce que vous appelez « souplesse » est en fait mollesse et inconséquence. Je (...)
30/06 04:39 - Laratapinhata
PS : J’en terminerai définitivement ainsi : on peut avoir un talent, et même un don (...)
30/06 04:31 - Laratapinhata
Je vous retourne le compliment : je trouve votre pensée confuse, et manquant de souplesse.. (...)
30/06 02:40 - Lucadeparis
30/06 01:51 - Laratapinhata
PS : La pensée prolo est celle des petits bourgeois qui draguent le pauvre et qui croient se (...)
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