@ LLS,
En France, sur le sujet des pollutions atmosphériques non radioactives, il y a des endroits où l’air est propre et des endroits où il est, comparativement, très crade.
Dans Paris, par exemple.
Il existe des gens qui quittent Paris en raison de sa pollution (je parle toujours de celle qui n’est pas radioactive). Je ne sais pas combien ils sont à fuir la capitale mais vu le prix de l’immobilier de Paris, c’est encore la bousculade pour y vivre.
Pourquoi les gens restent-ils à vivre dans un endroit pollué ?
La réponse à cette question est forcément compliquée puisque que selon un principe d’hygiène d’abord, tous les parisiens auraient dû évacuer Paris depuis un siècle.
Venise, c’est un cloaque au niveau des canaux et la ville est de plus en plus fortement inondée. Mais les Vénitiens y restent.
A Naples, on est constamment racketté et volé par des voyous et mafieux. mais la ville est pleine à craquer
Le Caire c’est, comme Athènes, très irrespirable, mais les gens s’y entassent.
San Francisco va forcément casser un jour ou l’autre mais les gens y accourent.
Citons tout de même deux villes quittées : Mogadiscio et Detroit
Pourquoi ces deux villes ont-elles été quittées ? Parce qu’elles étaient devenues invivables sur le plan sociétal.
Bien que votre article soit construit comme ceux de notre ami Cabanel, vous vous montrez plus directif, autoritaire et aposématique puisque vous titrez l’affirmation que « Tokyo doit être évacuée »
Il est un fait que si le gouvernement ordonnait l’évacuation de la ville, les Tokyoïtes en partiraient puisque la ville deviendrait impossible à vivre sur le plan sociétal (comme ça devint le cas à Tchernobyl ville, qui était à 3km de la centrale explosée). Mais tant que cet ordre n’est pas donné, quelle que soit la dose de pollution, les habitants y resteront.
Tous les Tokyoïtes savent que leurs trottoirs et leur air est trop radioactif. Chacun d’eux pourrait partir. Mais chacun d’eux y reste. Et vos cris d’orfraie n’y changeront rien.
Tous les Tokyoïtes savent qu’ils se bouffent trop de radiations. Aucun d’eux ne court demander au maire d’ordonner l’évacuation.
Il est si difficile de partir quand on n’en a pas l’envie qu’on préfère rester, quitte à savoir qu’on risque fort de mourir plus jeune.
Cabanel, vous et quelques autres, lancez des cris comme si la santé était la chose la plus importante de notre vie.
En effet, dans toute discussion tranquille, chacun conviendra que la santé est ce qu’il y a de plus important.
Mais cette primauté apparente à la santé est une commodité de langage qui permet de réclamer éventuellement plus de santé ou de protection pour sa santé.
La réalité de la vie c’est que les gens placent la vie sociétale au-dessus de la vie biologique, paradoxalement.
On dit que l’argent attire l’argent.
Broutille.
Le phénomène le plus important, mais que chacun semble dénier comme par honte ou pudeur, c’est que les gens attirent les gens.
Et vous habiteriez à Tokyo, vous y auriez votre famille, vous feriez comme les copains et vous trouveriez les articles comme celui-ci complètement stupides.
Reste alors le problème qui se pose aux chefs de la ville. C’est eux et eux seuls qui se retrouvent avec un énorme cas de conscience. Oui, en raison de cette pollution nucléaire, en raison des doses qui s’accumuleront sur des années et qui feront apparaître des tas de maladies dans quelques années, les chefs devraient forcer les gens à partir, donc à se séparer, donc à tuer un système sociétal.
Que ferais-je à la place de ces chefs ?
Je recueillerais les réflexions des gens. Réflexions qui verseront forcément dans le « Moi, je resterai quoi qu’il advienne ». Je les amènerais à dire tout haut ce qu’on ne dit généralement pas « M’en fous de crever, pourvu que ce soit au sein de ma société »
Et je vaquerais à mes occupations ordinaires sans lancer l’ordre d’évacuer la ville ni interdire à quiconque d’en partir.
Une ville, ce n’est pas un paquebot où l’on ne passe que quelques jours. Une ville c’est l’endroit ultime et par excellence.
Dans cette sorte de suicide collectif à retardement qu’acceptent les Tokyoïtes, se pose la question des enfants. Peut-on en tant qu’adulte, décider que les enfants devront également rester alors qu’ils souffrent plus que les adultes des effets des radiations ?
Cette question est difficile et elle tourmente probablement tous les parents de Tokyo et des environs de Fuku.
Mais apparemment, ils semblent avoir tous déjà répondu et de la même manière.
Il m’arriverait cette situation sur Paris, avec des enfants, je choisirais de partir. Mais à peine mes gosses se mettraient-ils à chialer de ne pouvoir quitter leurs potes que je dirais« Bon, et bien restons et advienne que pourra »
Dans le cas d’une pollution nucléaire, il se pourrait même que les citoyens remarquant leur attachement mutuel à leur société, ils en retirent une exaltation, une sublimation sociétaliste. (Ceux qui avaient choisi de ne pas quitter Londres bombardée par les Nazis, avaient ressenti des tas de sentiments grégaires plus sublimes que d’habitude et avaient eu des gestes extraordinaires)
Une pollution nucléaire offre une possibilité de sublimation sociétaliste qu’une pollution de volcan vésuvien n’offre pas. Quand le Vésuve crache ses cendres, l’atmosphère est immédiatement irrespirable, on ne peut plus discuter avec qui que ce soit, la pollution isole les gens et défait immédiatement la société. Idem avec un tsunami.
Différemment, une pollution nucléaire non extrême, permet eux gens de vivre comme si de rien n’était au présent et ne les oblige qu’au deuil de leur longévité.
Une courte vie dans la chaleur d’une société plus soudée que jamais, ça intéresse la plupart des gens.
Comment se fait-il alors que loin de Tokyo, des gens qui vivent probablement eux aussi en société urbaine et grouillante, en viennent à lancer l’ordre d’évacuation de la capitale japonaise ?
Comment se fait-il qu’ils puissent lancer un tel ordre sans remarquer que si les tokyoïtes l’avaient voulu, ils auraient évacué depuis longtemps leur cité ?
Comment peut-on lancer depuis Paris, l’ordre, la consigne, la recommandation ou la supplique d’évacuer Tokyo où l’on n’a jamais mis les pieds ?
Ca ne peut s’expliquer que par l’arrogance, un manque de psychologie ou une prévalence accordée à la science (aux compteurs Geiger).
Il est vrai que le compteur Geiger pourrait bien être, ici, l’instrument de mesure le plus aposématique, le plus effrayant de tous. Si ca se trouve, la transcendance terrifiante qui émane d’un compteur de radiation nous rend hystériques. (réalisons qu’un Papou, s’il voit un compteur crépiter et même si on lui explique notre panique, restera imperturbable et amusé)
Si ça se trouve, malgré ou à cause d’Hiroshima et Nagasaki, les Japonais n’hystérisent pas autant que nous devant un crépitement de compteur. Peut-être que ce qui fait le plus paniquer un Français c’est les araignées et un crépitement Geiger alors que ce qui fait le plus paniquer un Massaï, c’est la vue d’un manteau noir et le bruit d’une visseuse.
Quoi qu’il en soit et nonobstant les éventuelles différences de cultures sur le sujet des radiations, je suis convaincu qu’à situation équivalente, les parisiens ne choisiraient pas non plus d’évacuer Paris. (Peut-être même lyncheraient-ils ceux qui en émettraient l’idée)
Si la pollution de Tokyo perdure, il y aura de plus en plus de malades, la société sera de plus en plus paralysée et les départs deviendront de plus en plus nombreux. Lorsque le nombre de valides deviendra trop faible, les autorités lanceront l’ordre de quitter complètement la ville.
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