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Commentaire de Manuel Atreide

sur Maman, la femme de ma vie est un homme !


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Manuel Atreide Manuel Atreide 3 juillet 2011 00:41

@ Sandrine

ce que vous ne comprenez pas, c’est que vous vivez dans un monde qui ne montre à longueur de temps qu’une seule orientation sexuelle : l’hétérosexualité. C’est très bien pour apprendre aux jeunes hétéros ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, comment un homme agit avec une femme, comment une femme agit avec un homme ; comment la société regarde, considère et traite les relations hétérosexuelles.

Ces références, ce cadre n’existent pas envers l’homosexualité, au mieux. A pire, le regard est dur, violent, méprisant. En un mot négatif. Comment un jeune homme, une adolescente, comment font-ils pour se bâtir dans un tel cadre social, lorsqu’ils découvrent leur attirance ? A quels modèles vont-ils se référer pour devenir des adultes construits et heureux ?

Exhiber son orientation sexuelle n’est pas toujours un vrai plaisir. Je n’ai pas plus envie que cela de dire comment je vis ma vie personnelle et sexuelle. Je n’ai pas envie que tout le monde sache - ou pire, suppose - ce qui se passe dans mon lit. Mais je me rappelle mon adolescence, quand je ne savais pas ce qui se passait, ce que je devais faire, ce que je devais penser. Comment réagir face à une agression. Ou un jugement. Je me souviens des difficultés, de l’horreur que cela a été quand je l’ai dit à mes parents, combien cela a été difficile pour eux. Le temps que cela a pris pour en arriver à des relations apaisées.

La gay pride n’est pas faite pour le plaisir. On s’amuse et on danse pour masquer une réalité plus dure : c’est un cours que nous faisons à la société, nous montrons ce que nous sommes pour que tous et toutes comprennent que nous ne sommes pas des sous-humains. Juste des gens avec un coeur qui vit selon une règle, une seule, qui diffère de la majorité.

On explique à la majorité ce que nous sommes, et on dit à la minorité que nous existons, qu’ils et elles ne sont pas seuls, qu’ils et elles ne sont pas des monstres, qu’ils et elles peuvent envisager de vivre, tranquilles, libres, heureux. Le jour où les droits seront les mêmes, le jour où, face à une insulte homophobe, une vraie, un truc genre « sale PD » ou « sale gouine », les gens se lèveront calmement pour dire à l’individu que ce genre de propos sont impolis et qu’ils ne sont pas acceptés, il n’y aura plus de gay pride. Ce jour là, plus de problème pour dire à papa maman : votre fils aime un garçon, votre fille aime une fille. Et quand deux papas amèneront leur fils à l’école parce que la maman sera déjà au boulot, ou en vacances avec son mari ou sa femme, personne ne viendra leur chercher des poux dans la tête.

Plus besoin de gay pride quand, dans toutes les situations de la vie, un couple homo ne sera plus regardé de manière différente d’un couple hétéro.

On n’en est pas là. Malheureusement. Alors, en attendant ce jour, chaque année, on se montre, on défile. Pas pour le plaisir. Juste pour dire « on est là, on restera là, apprenez à vivre avec nous ».

C’est pas de l’exhibition. C’est de l’éducation.

J’espère avoir été clair, sinon pour vous, du moins pour les autres qui m’ont lu.

Cordialement

Manuel


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