"dans l’eventualité où Mélenchon serait absent au second tour, et où le candidat PS serait élu si la majorité des électeurs de Mélenchon votaient PS au second tour, ce qui nécessiterait un ralliement et non un vote anti-droite seulement, quelles conditions Mélenchon mettrait à un tel ralliement ?«
Attendons donc ce moment, et on verra.
»cette question n’a rien de « mediacratique », les « anti-capitalistes » ont
demandé à Mélenchon d’abandonner le préalable d’un ralliement au PS, or
Mélenchon a voulu rester dans l’illusion de croire que des
sociaux-libéraux sociaux-conservateurs se convertiraient à la réforme
alors qu’ils sont formatés oligarchie !«
Les gauchistes (le terme »anticapitaliste« , en plus qu’il définit en négatif, peut tout aussi bien s’appliquer à Mélenchon) avaient déjà refusé la main tendue aux élections européennes, régionales, cantonales. A chaque fois, les »obstacles« invoqués ont été levés en cours de campagne, mais ils en ont rajouté, encore et encore.
Exemple : aux élections régionales (pendant lesquelles je me suis plus impliqué qu’aux européenns - j’avais carrément voté pour la liste antisioniste, tant je considère ces élections comme une rigolade inutile), le premier préalable avancé par le NPA (LO avait déjà décidé de partir seule) était »un programme de rupture franche avec le capitalisme« . Ensuite, on a eu droit à »un dépassement du simple cadre du cartel électoral pour fonder un nouveau pôle majoritaire et anticapitaliste« (prétexte déjà avancé pour refuser de rejoindre le Front de Gauche aux européennes), puis à »la garantie de la liberté de vote dans le cas d’une présence au conseil régional« , et ensuite »le refus d’une fusion technique qui ne comporterait pas des garanties idéologiques sur les points essentiels« et enfin »le refus de toute participation à un exécutif conjointement au PS et à Europe Écologie« .
A chaque obstacle levé, les gauchistes en avancent un autre plus radical, jusqu’à ce qu’on arrive à un point d’achoppement. Il y a forcément un point d’achoppement quelque part, quand on essaye de rapprocher des gens qui sont sur des lignes différentes, donc ça marche à tous les coups. Mais les gauchistes ne peuvent plus faire croire au »sectarisme« des »staliniens« qui »refusent la main tendue« . Leurs manœuvres sont connues de tous. La stratégie est la même que dans les années 1970-1980, à ceci-près qu’à l’époque, personne ne voulait d’eux et qu’ils se jouaient ce genre de tours entre eux.
Le NPA prétend avoir dépassé le stade du gauchisme, mais son attitude démontre le contraire. C’est à mon avis la raison majeure de son échec, puisqu’il n’est plus aujourd’hui qu’une LCR à peine élargie aux »objecteurs de croissance« et »alternatifs« (mouvements avec lesquels la LCR avait noué des liens avant son rapprochement de LO en 1999, du reste).
Alors du coup, pour les élections de 2012, on a vu dès le début arriver le moment où le NPA demanderait d’exclure une candidature Mélenchon ( »il ne faut pas personnaliser la campagne« ), puis une candidature communiste ( »pour ne pas perdre l’élan de l’union« , comme dans les comités antilibéraux après 2005), puis une candidature d’un élu et/ou d’une personnalité politique ( »pour ne pas encourager les professionnels de la politique« ), pour enfin imposer la candidature d’un obscur syndicaliste ou associatif sans expérience de la bataille politique de terrain, aux convictions flottantes et à la rhétorique fade. Bref, un candidat »extérieur« comme les gauchistes les aiment bien quand ils font des unions : un bon moyen de descendre sous les 1% pour »acter l’échec de l’alliance« . Mais le Front de Gauche a quand même laissé au NPA une chance de rejoindre le mouvement. Après tout, deux échecs électoraux successifs auraient pu les faire réfléchir. Donc on a eu droit successivement aux arguments suivants :
- »faire du Front de Gauche une organisation et plus un simple cartel électoral« (le refus du PCF de permettre à des gens d’adhérer directement au Front de Gauche sans passer par l’un ou l’autre parti membre l’a finalement empêché, mais la formule de Jean-Luc Mélenchon sur un »pack« cantonales-présidentielle-législatives avait semble-t-il obtenu l’approbation du NPA)
- »élargir le Front de Gauche à d’autres mouvements« (déjà fait dès la création du Front de Gauche, avec R&S, les Alternatifs, la FASE, etc.)
- »élargir le Front de Gauche aux simples citoyens« (le programme partagé du Front de Gauche et la démarche du soutien individuel à la candidature avaient devancé les demandes gauchistes)
- »avoir un programme de rupture avec le capitalisme« (un minimum !)
- et enfin : »refuser la candidature Mélenchon«
Paf ! On y était !
La question du »ralliement« au candidat socialiste au second tour n’est intervenu qu’après l’achoppement. Un prétexte, en quelque sorte. Un prétexte d’autant plus étrange que les deux élus NPA au conseil régional du Limousin sur liste Front de Gauche (les seuls élus régionaux du NPA) l’ont été parce que :
- le PS ne voulait pas accorder au NPA l’unique place éligible qu’il demandait (les socio-libéraux ont donc eu droit au double de gauchistes qu’ils redoutaient)
- la fédération PS de Haute-Vienne refusait d’accorder leur autonomie de vote aux membres de l’éventuelle »liste unifiée de toute la gauche« (autonomie de vote dont disposent les élus du Front de Gauche au Limousin, le groupe Limousin Terre de Gauche, élus PCF et PG compris, étant dans l’opposition)
Donc la preuve avait été faite qu’en cas de mésentente avec le PS, le Front de Gauche pouvait trancher pour l’indépendance. Et Jean-Luc Mélenchon a été le premier à se féliciter de cette indépendance, même s’il a craint pendant l’entre-deux-tours que la liste menée par Christian Audoin (PCF) ne réussisse pas à obtenir autant de voix qu’au premier tour (en fait, elle est passé de 13% à 19% des voix, ce qui a été une victoire supplémentaire).
Le NPA agit vis-à-vis du Front de Gauche comme s’il était indispensable et formation majoritaire. Méfiant vis-à-vis du PCF (ce qui peut se concevoir, vu le passé d’affrontement entre communistes et gauchistes), qui, lui, est effectivement indispensable et formation majoritaire, même en intégrant le NPA, il n’en agit pas moins avec une attitude à côté de laquelle les »stals« du PCF des années 1970 sont de furieux démocrates.
»Aubry a soutenu la candidature Lagarde au FMI !«
Et oui, et d’ailleurs Mélenchon en a profité pour faire l’équivalence entre Strauss-Khan soutenu par Sarkozy et Lagarde soutenue par Aubry. Ce qui lui a encore valu de la part d’Apathie le surnom de »diviseur de la gauche« .
Vous n’écoutez pas bien Mélenchon, je crois. Il est beaucoup plus dur avec le PS que, par exemple, le PCF ou même le NPA.
»Hamon, la gauche du PS, soutient Aubry .«
Hélas ! L’hémorragie de militants PS vers le PG a été stoppée en moins d’un mois. En tous, à peine 3 000 anciens socialistes ont intégré le PG. Le cauchemar des socialistes au moment de la scission (la disparition du PS par sa coupure en deux entre socio-démocrates ralliés au centre et socialistes conséquents) a été évité grâce à cette forteresse féodale qu’est l’appareil du parti. Sitôt le danger en vue, on a vu l’alliance sacrée autour des candidates Aubry et Royal (alors même qu’au vote des motions, Hamon était le premier signataire d’un texte... proposé par Jean-Luc Mélenchon !) de tous les courants du PS.
»l’idée de Mélenchon selon laquelle des sociaux-traîtres se convertiraient à la réforme est une imposture«
Il faudra me dire où vous avez lu cette idée. C’était celle soutenue par André Chassaigne lors de la »mini-primaire« au PCF ! Mélenchon soutenait (et soutient toujours) l’idée selon laquelle il y a une différence de nature et non de degré entre la gauche sociale-démocrate et la gauche de combat (ou »anticapitaliste« si vous voulez).
En fait, c’est en 1991 (Jusqu’à l’os : Pour arrêter en politique la machine à se donner des claques) puis surtout en 1994 (Rocard, le rendez-vous manqué, un livre paradoxal où il explique son ralliement à Michel Rocard pour le poste de premier secrétaire contre Dominique Strauss-Khan avant d’avoir rejoint Emmanuelli élu contre Peillon) qu’il a théorisé la rupture entre ces deux gauches irréductibles, contraintes malgré tout de se réunir pour l’emporter (il reste convaincu de la pertinence de la fracture droite/gauche, ce avec quoi je ne suis pas d’accord, appuyant sa thèse sur le fait que les divergences idéologiques de jadis entre républicains libéraux - à côté desquels l’UMP passerait pour un parti marxiste-léniniste - et radicaux-socialistes - à côté desquels le NPA passerait pour un parti social-démocrate - n’ont pas empêché de telles convergences).
A l’époque et jusqu’en 2005, il était convaincu que la ligne de fracture se situait au sein du PS entre une aile droite conquise par la deuxième gauche et une aile gauche classiquement républicaine socialiste. Raison pour laquelle il n’a pas quitté le PS après le vote des adhérents en faveur du »oui« au TCE et a fait campagne contre son propre parti, avec succès. Il lui a fallu le choc de voir la seule motion de gauche proposée réunir moins de 20% des voix au congrès de Reims (alors qu’à tous les congrès précédents, les motions de la gauche du parti obtenaient facilement plus de 40% des voix) pour finalement réaliser que la ligne de fracture était passé à la gauche du PS et qu’il ne pouvait y rester sans renier ses idées et ses principes.
C’est toujours douloureux d’être confronté à pareille désillusion. Surtout après 30 ans passés dans le parti.
»Mélenchon est un rabatteur de voix du PS«
Vous êtes libre de le penser.
»faire monter les enchères
des enchères réalistes (et non la version « jamais assez »)«
Précisément ! La version »jamais assez« , c’est celle qu’assènent les gauchistes.
Je précise une fois encore que quand je parle de »gauchistes« , je parle des »gauchistes d’appareil« . Je sais que pour l’immense majorité des adhérents de ces partis, c’est un engagement sincère.
»Mélenchon dit qu’il a quitté le PS afin de réformer le PS de l’extérieur n’ayant aucune chance de l’intérieur«
Plus précisément, l’objectif premier de Mélenchon était de créer un pôle de »gauchisation" à la gauche du PS, pour éviter le cauchemar du scénario à l’italienne (dilution du PCI et du PSI dans la sociale-démocratie du PD). C’était l’objectif tactique d’urgence en 2009 : éviter que le PS ne s’allie au centre en lui proposant une autre alternative, plus alléchante.
Mais dès 2010, l’objectif a radicalement changé, puisque Mélenchon a finalement convaincu les communistes de maintenir la formule du Front de Gauche. Dès lors, l’ambition affichée est d’être majoritaire à gauche... et en France. Un classique du genre.
Je pense avoir fait le tour, là...
05/07 19:07 - Brath-z
Alain Traca > Ce ne sont pas là des « conditions de ralliement au second tour » mais des (...)
05/07 12:50 - Alin Tranca
Aucune ? Ca c’est vous qui le dites. Ouvrez les oreilles, il en pose des conditions. (...)
05/07 12:47 - Alin Tranca
05/07 12:35 - Alin Tranca
Qu’est-ce qui se passe, JK, petit moment de déprime, tu commences à pleurer sur une (...)
05/07 10:17 - .jk.
L’immigration économique : Mélenchon est non cohérent car souhaite un protectionnisme (...)
04/07 20:37 - Brath-z
.jk. > « »la manière dont est envisagée l’immigration", est-ce un résumé de la (...)
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