Bernard Nash Russel > Je vais me faire l’avocat des Gender Studies même si je pense que ce biais intellectuel est faussé.
Contrairement à ce que vous pensez, le fondement des gender studies n’est pas la différenciation hommes/femmes. Au contraire. Issues du féminisme « psychologique » qui a longtemps été la marque de fabrique du féminisme français (avec la figure tutélaire de Simone de Beauvoir, qui pensait qu’« on ne naît pas femme, on le devient »), les gender studies sont nées aux États Unis d’Amérique en réaction au féminisme « essentialiste » de la côte ouest issu plutôt des milieux évangélistes.
Là où les gender studies (en histoire, puisqu’il s’agit de mon domaine, on appelle cela « étude des genres ») sont de mon point de vue peu pertinentes, c’est qu’elles considèrent que toutes les déterminations physiques, psychologiques, physiologiques, etc. qui font qu’une femme est une femme ne sont en fait que des déterminations sociales, des normes dont on peut s’abstraire. Je passe mon temps à m’engueuler avec mes collègues de l’histoire des genres (uniquement des contemporéaniste, étrangement, comme si la théorie des genres ne voulait pas risquer d’être battue en brèche par l’étude socio-culturelle des périodes antérieures, où hommes comme femmes étaient indissociables de la notion de « foyer »), mais je reconnais volontiers qu’il y a de temps en temps de la pertinence à envisager les choses sous ce biais. Je regrette juste que par « histoire des genres », on entende « histoire du genre féminin ».