Une anecdote : en 1969, aux États Unis, la « jeunesse progressiste » réclamait à corps et à cris la mixité dans les établissements scolaires. Les responsables publics, qui avaient bien des soucis face à cette « jeunesse » qui était souvent formée de leurs propres enfants, ont alors décidé de faire appel aux courants « progressistes » dont les « jeunes » se réclamaient épigones. Parmi ces « courants », le féminisme.
A cette époque, aux États Unis d’Amérique, le féminisme était encore épargné par la vision millénariste et essentialiste des évangélistes (c’est venu avec le mouvement new wave vingt ans plus tard). Ce qui n’empêchait pas les féministes d’être dubitatives (ce sont souvent des femmes) quant à la mixité scolaire. S’affrontèrent deux intuitions.
D’abord, celles et ceux qui pensaient que fréquenter des filles et des garçons ne pouvait que favoriser l’épanouissement des enfants.
Ensuite, celles (et ceux, mais en nette minorité, pour le coup) qui pensaient que cette « revendication » avait surtout pour but de permettre aux lycéens de baiser à couilles rabattues et risquait d’entraîner des problèmes divers tels qu’une plus grande aliénation sexuelle des jeunes (elles ont eu raison : les générations suivantes sont celles qui baisent le moins) et... un retard à l’instruction. On pensait surtout aux filles, qui seraient immanquablement perturbées par les garçons, réputés plus turbulents.
Finalement, les groupes féministes se sont largement prononcés contre la mixité sexuelle en classe, considérant que le temps de l’étude n’était pas compatible avec l’épanouissement individuel matérialiste (le féminisme américain était alors très intellectuel, et teinté d’une critique radicale de la société de consommation). En revanche, les féministes réclamaient que l’enseignement dispensé aux filles et aux garçons soit le même. Mais la pression de la « jeunesse » a été plus forte, et la mixité a été mise en place, tandis que le système des cours « modulés » et des « options » empêchait l’égalité de l’instruction entre filles et garçons.
Et que croyez-vous qu’il advint ? Une baisse brutale du niveau, au point que moins d’une décennie plus tard, le système d’instruction public des USA fut jugé « inefficace » et réformé pour ne servir que d’appoint à l’enseignement privé, bref, une éducation pour pauvres.