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Commentaire de bluebeer

sur Ce plat pays qui n'est plus le mien


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bluebeer bluebeer 11 juillet 2011 14:59

Bonjour Astérix.

Ça faisait longtemps. Je m’étonnais d’ailleurs de ne plus rien voir sur la Belgique depuis de longs mois. Il faut dire que cette situation lasse tout le monde, à l’intérieur comme à l’extérieur.

J’aime bien ton texte, et j’y souscris en grande partie. A ce détail près que je ne crois toujours pas à la séparation. Trop compliqué. Trop cher. Les maquignons ne vont pas tuer la bête tant qu« elle leur rapporte plus vivante que morte. Toute l’équation se résume à ça. Et chaque partie fait monter les enchères en bluffant l’autre sur ses intentions, pour augmenter sa part.

Le divorce culturel a déjà eu lieu il y a bien longtemps. L’union culturelle n’a sans doute même jamais eu lieu autrement que dans les textes institutionnels. Caroline Gennez, récemment interviewée par le soir, écarte l’hypothèse de la séparation tout en reconnaissant ne pas fréquenter particulièrement les francophones. Et elle a raison. Nous vivons côte à côte, nous nous mélangeons à peine, même sur nos lieux de villégiature. La géographie nous rapproche, la langue nous sépare. Uniquement la langue, qui nous empêche de nous parler et de nous comprendre.

Ce que veulent »les flamands« est simple. Entendre encore et encore qu’ils sont un peuple d’élite et que leur vertu flamande les mets à l’abri du danger, de la précarité, de l’incertitude. C’est la recette de tout populisme. Nous, c’est mieux ; ce sont les autres qui ne vont pas.

D’où l’évident parfum nazillon du mouvement flamingant, tout empreint de mépris et d’exclusion. Attitude d’autant plus tranchée qu’eux mêmes prennent leur revanche sur l’arrogance francophone, qui n’a pas toujours été un mythe non plus dans l’histoire des deux communautés.

Inutile de gloser sur le »socialiste wallon« . Le terme lui-même est quasiment devenu une injure synonyme de mafieux, corrompu, prévaricateur. A noter que les socio-chrétiens flamands ont également hérité de ce type de réputation chez eux, ce qui a partiellement fait le lit des partis extrémistes en Flandre. Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument.

BDW est l’archétype du leader populiste : faussement débonnaire, vif sur la balle, un bon jeu de jambe qui lui permet de changer de garde à tout instant, parfaitement cynique, un nombril sur patte s’étourdissant de sa propre gloriole qui vient à point colmater son ego fissuré. Il est l’autre raison pour laquelle je ne crois pas à la séparation. BDW n’existe que grâce à la Wallonie. Sans ennemi intérieur, sa légitimité s’effondre. Il n’a jamais démontré sa compétence à construire, organiser ou négocier. Une fois perdu l’alibi du wallon fainéant, il devra lutter contre les autres partis qui n’auront alors plus d’autre choix que de le confronter, sans avoir peur de passer pour de mauvais flamands. Et là, le grand BDW risque de se dégonfler comme une baudruche.

Je pense qu’il a une conscience très aigüe de cette perspective.

Tall, alias tonton la baffeteuse, pensait dans un autre fil que cette manière de penser - la non séparation - est typiquement wallone. Parce que, sans le dire comme ça, mais c’était l’esprit, les wallons n’envisagent pas les choses autrement qu’en terme d’assistanat. En réalité, je pense que si séparation il y avait, il y aurait également tsunami du paysage politique, et que le PS actuel serait durement remis à sa place. Ce serait le temps des révolutions, si bien que le PS ne joue pas seulement l’avenir des belges francophones dans les négociations actuelles, mais il joue également sa peau. Pour le reste, je ne m’en fais pas. L’europe qui se met à mal pour »sauver" la Grèce ne voudra pas d’un nouveau foyer d’instabilité au coeur historique de la communauté. Ils vont prendre garde de ne pas nous vois péricliter trop vite et trop fort, et au bout du compte, avec un zeste d’opportunisme et de cynisme, nous pourrions magnifiquement tirer notre épingle hors du jeux.

Et pourtant, malgré tout ça, je persiste à considérer tout ceci comme un vaste spectacle de guignol, où personne, en réalité, ne souhaite réellement tenter l’aventure.

Beau texte en tous cas. A un de ces jours,

Blueb


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