Je m’interroge sur une formation en philosophie qui amène au suicide par la frustration de ne pas avoir un poste universitaire, ou par d’autres problèmes.
En faculté de philosophie on étudie pas assez Épictète, selon moi le plus grand philosophe moral :
« Quand tu vas entreprendre une œuvre quelconque, remets-toi dans l’esprit quelle est cette œuvre. Si tu sors te baigner, représente-toi ce qui se passe au bain : on vous éclabousse, on vous bouscule, on vous injurie, on vous vole ; tu entreprendras cette œuvre avec plus d’assurance, si tu te dis tout de suite :
« Je veux me baigner, et aussi garder ma volonté en accord avec la nature. » Et ainsi pour chaque œuvre. Car de cette façon, si quelque obstacle t’empêche de te baigner, ta réponse sera prête : « Mais je ne voulais pas seulement cela, je voulais aussi garder ma volonté en accord avec la nature ; or je ne la garderai pas telle, si je m’irrite contre ce qui arrive. ». »
« Souviens-toi que tu dois te conduire comme dans un banquet : un plat qui fait le tour de la table est-il près de toi ? Étends la main et prends ta part proprement. S’il s’éloigne, ne le retiens pas. Il n’est pas encore là ? Ne jette pas de loin ton désir sur lui, mais patiente jusqu’à ce qu’il soit près de toi. »
« Quelqu’un ne t’a pas convié à son banquet ? C’est que tu n’as pas donné à l’hôte le prix auquel il vend son dîner ; il le vend au prix de la flatterie, au prix de la sollicitude. Donne donc, si tu y trouves ton avantage, le prix correspondant. Mais si tu veux à la fois ne pas lâcher ce que tu as et recevoir ce que tu désires, tu es insatiable et stupide. Tu n’as donc rien qui remplace ce dîner ? Si fait ; tu as de n’avoir pas loué qui tu ne voulais pas louer, de n’avoir pas supporté les insolences de ses portiers. »
« Rappelle-toi que le propos avoué du désir est d’obtenir l’objet désiré, que le propos de l’aversion est de ne pas tomber sur l’objet d’aversion ; celui qui, éprouvant un désir, manque son objet n’est pas heureux ; celui qui, éprouvant une aversion, tombe sur son objet est malheureux. Si donc tu réserves ton aversion aux choses contraires à la nature parmi celles qui dépendent de toi, tu ne tomberas sur aucune de celles que tu as en aversion ; mais si tu as en aversion la maladie, la mort ou la pauvreté, tu seras malheureux. Enlève donc ton aversion de tout ce qui ne dépend pas de nous, et transporte-la sur les choses contraires à la nature parmi celles qui dépendent de nous. Quant au désir, supprime-le complètement pour l’instant ; car si tu désires l’une des choses qui ne dépendent pas de nous, il est impossible que tu sois heureux ; quant à celles qui dépendent de nous, et qu’il serait beau de désirer, aucune n’est encore à ta portée. Use seulement de la tendance et de son contraire, et que ce soit légèrement, avec des réserves, en souplesse. »
Dans l’« Hommage à Marie-Claude Lorne » de l’Institut Jean Nicod, on lit :
« Dans sa lettre
d’adieu, elle dit ne pouvoir envisager d’exercer à l’avenir son métier dans un «
tel climat
d’hostilité ». »
Joëlle Proust écrit : "Marie-Claude, je pense à tes derniers moments : est-ce ainsi qu’on traite les jeunes philosophes prometteuses ?" http://www.institutnicod.ens.fr/Marie_Claude.htm
Je lis aussi qu’« elle a obtenu un D.E.A de sciences cognitives au CREA-École Polytechnique l’année suivante (1994). En 2004, elle est devenue docteur en philosophie avec une thèse sur les fonctions biologiques, dirigée par Joëlle Proust à l’EHESS. ».
Il se trouve que j’ai fréquenté le CREA il y aune vingtaine d’années et je me souviens la dureté de Joëlle Proust envers un de ses étudiants (David Kennedy, qui a survécu jusqu’à maintenant...) qui n’était certes pas un philosophe prometteur.
Etudiant en philosophie puis en sciences humaines, j’ai constaté la médiocrité de l’enseignement philosophique (en particulier moral en l’occurrence), et ensuite, j’ai pu voir constater l’incapacité de repérer des étudiants créatifs, innovants (le formatage primant), l’injustice, par exemple dès le début de l’année en DEA, je savais qui allait avoir les bourses, alors que les mémoires n’étaient pas écrits, encore moins présentés : les étudiants ayant pour directeur de mémoire les deux codirecteurs du département. J’ai constaté aussi que les départements suivent des paradigmes, et par cooptation, éliminent les « dissidents » : ainsi, il valait mieux ne pas être proche de la philosophie analytique à Paris IV La Sorbonne, ne pas être girardien en ethnologie à Nanterre, où dominait le lévy-straussisme ; et il valait mieux être chomskien que
fonctionnaliste à Nanterre aussi en linguistique. Si on n’est pas informé pour le bon choix de département (d’où l’importance de l’entourage social pour être informé), on va plus probablement à l’échec.
En tout cas, l’accès aux études plus massif a produit, en réduisant les statistiques du chômage, beaucoup d’intellos précaires, qui aboutissent à la majorité sociale de 25 ans, pour leur entrée dans « la vie active », « éligibles » aux revenus minimaux sociaux (Revenu Minimal d’Insertion ou Revenu Solidaire d’Activité).
11/07 22:18 - Lucadeparis
Je m’interroge sur une formation en philosophie qui amène au suicide par la frustration (...)
10/01 15:15 - Nouffa
Bonjour, un rapide coup d’oeil montre que la thèse n’est pas (...)
07/11 21:56 - Alexis Charcossey
A Pierre , bonjour à vous , Je trouve que vos critiques sont particuliérements (...)
05/11 15:55 - Bernard Dugué
Où sont passés les commentaires ? A lire cette mise au point
03/11 10:48 - barbouse
bonjour monsieur dugué, bien que majoritairement peu d’accord avec vous sur (...)
03/11 08:08 - frédéric lyon
Celà étant dit, je pense que tout le monde pourra ressentir, comme certains l’ont (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération