Mon critère d’appréciation en matière d’art est des plus simples : serais-je en mesure de faire la même chose et, si oui, en aurais-je le goût ? C’est un moyen infaillible d’éliminer l’arnaque. Car les vrais oeuvres sont impossibles à reproduire ; sans compter que cette démarche constitue à elle seule une initiation à l’art. Celà implique aussi qu’il faut se contrefoutre du quand dira-t-on et du snobisme... Autrement dit, ne jamais dire « c’est bien » parce qu’une revue ou un type soit disant connaisseur a dit « c’est bien »... Je me souviens d’un passage de Stendhal qui m’avait émerveillé indépendamment de toute référence à la « critique autorisée » ; plus tard, j’apprenais que ce même passage avait émerveillé aussi Balzac... Comme quoi je n’avais pas tout faux, puisque je n’avais pas attendu l’opinion de Balzac pour en jouir... Un coup de coeur confirmé en quelque sorte, mais je n’en aurais pas moins aimé Stendhal si Balzac avait dit de lui pire que pendre... En résumé : je ne conçois pas d’autre attitude en matière d’art que celle-ci, et si un célèbre barbouilleure me laisse froid, je ne vois pas pourquoi il me faudrait faire semblant de me pâmer à la manière des débiles branchés...