Cher Olivier,
L’analyse que vous effectuez est juste. Il y a longtemps que les éléments qui la constituent sont sous nos yeux avec, notamment, la mise en place d’un appareil législatif qui a pratiquement anéanti la notion de Liberté publiques. Procédant par petites touches avec, à titre d’exemple, l« utilisation des techniques de FID et de biométrie pour tous les actes de la vie quotidienne (fichiers de santé, carte d’identité nationale etc...) le contrôle total de la population (indigène ou allogène) est à ce jour parfaitement opérationnel. La multiplication de fichiers avec, à la clé, la légalisation de fichiers non déclarés, sans que soit mis en place un système susceptible d’en reprendre le contrôle au nom d’un contre-pouvoir qui en apprécierait la légalité, la pertinence, le danger, fait qu’en fin de compte »les jeux sont faits« . En tout état de cause, avec une population qui soit n’a conscience de rien, soit est chauffée à blanc avec des thèmes populistes réducteurs qui excluent tout recul et toute réflexion à froid, il est évident que les pièces du puzzle sont en place pour une répression qui trouvera son détonateur dans l’achèvement d’une crise économique, sociale et politique dont la survenance est parfaitement anticipée et balisée. L’abîme est là, devant nous, et pour ne pas le voir il faudrait être aveugle, ce qui serait bien pire que d’avoir peur, dit un des personnages de Joseph de Maistre dans ses Soirées de Saint-Pétersbourg. En réalité, il ne s’agit que d’une mésintelligence du monde et d’une cécité volontaire. Le Pouvoir actuel est fort capable de jouer l’insurrection pour se remettre en place et atteindre le seul but qui lui importe : gagner les élections, durer et surtout ne pas céder les commandes. Il parfaitement conscience de son incapacité à surmonter une crise financière qu’il n’a pas voulu voir venir et dont il n’a jamais eu l’intention de modifier les paramètres tant qu’il en était encore temps puisqu’il s’agissait d’un système dont la simple critique ou remise en cause demeure par définition exclue car signifiant sa disparition pure et simple. La donne ayant changé dès lors que faute de prendre le réel par la main celui-ci finit toujours par vous sauter à la gorge (vieux proverbe ou sagesse des nations), face à une prise de conscience inquiète des classes moyennes qui se rendent compte qu’elles vont passer au laminoir de la crise, face à une population qui n’a plus confiance en des élites totalement décrédibilisées par leur comportement et leur incompétence et qui ont perdu toute légitimité politique , les masques vont tomber : vous vous révoltez ? On vous rentre dedans. Violemment. Le prétexte est tout trouvé avec, comme détonateur, l’ultime occasion fournie par l’échec d’une politique sécuritaire qui, il est vrai, aurait tort de ne pas saisir l’occasion qui lui est offerte d’éradiquer ce mélange d’incivilité et d’économie souterraine à base de banditisme et de trafic de stupéfiants qui détruit le tissus social de catégories de populations qui sont depuis trop longtemps devenues des naufragés économiques. Les analyses et perspectives décrites avec une précision absolue dans cet opuscule intitulé »L’insurrection qui vient« tout comme l’ouvrage d’Hacène Belmessous sur les guerres dans les cités montrent que les ingrédients d’une guerre civile, ethnique et sociale sont réunis.Le récent incident survenu dans un autobus à Marseille (agression en réplique à la demande formulée par le conducteur du véhicule à une passagère voilée de se découvrir pour justifier de son identité) est un carburant de choix pour l’incendie qui se prépare.
Cette vision apocalyptique mérite pourtant d’être nuancée dans la mesure où il existe encore en France - et vous, moi, la plupart des lecteurs et contributeurs de cette Agora en sommes la preuve - des gens qui sont décidés à enrayer cette marche à l’abîme en réaffirmant, outre les valeurs de la République et le désir d’un vivre ensemble, la mise au pas de toutes les dérives -quelles qu’elles soient - la réaffirmation de principes constitutionnels intangibles, la confiance dans une unité citoyenne respectueuse de chacun et confiante dans une nation qu’elle ne saurait considérer comme un »ennemi intérieur".
Ce propos, très clair, reçoit un écho auprès de beaucoup de gens comme vous, par exemple (votre article en témoigne). Il doit être magnifié et trouver son plein achèvement dans l’engagement politique que lui offrira la prochaine consultation pour l’élection présidentielle de 2012. La perspective de voir encore une fois concourir de vieilles lunes, des chevaux de retour zélateurs de programmes politiques éreintés et lessivés par un monde qui n’est plus le leur et dont ils n’ont ni compris ni vu venir les mutations est insupportable. Gauche, droite, centre, toutes ces catégories mentales sont désuètes, hors d’âge, sans prise aucune sur la réalité. L’engagement qui est le mien, l’aspiration qui m’anime sont celles d’un président de haut parage, d’un président de tous les Français, d’un président citoyen, humaniste, respectueux de ce qui fait la richesse de chacun (il n’y a de richesse que d’hommes, disait Jean Bodin), conscient des choix qu’il importe d’effectuer sans plus attendre pour imprimer à ce XXIè siècle qui commence les orientations qui le guideront vers sa survie et son épanouissement (la redéfinition complète d’une politique construite sur l’industrie nucléaire, par exemple, laquelle est un suicide de l’humanité). Tout autre chose qu’une réélection à sang pour sang, comme vous l’écrivez avec sagesse.
Bien vous et si le coeur vous en dit, rejoignez-moi !
Renaud Bouchard