Un petit texte de Finkelkraut, interview donné en Pologne (moins risqué qu’en France).
"La France est de moins en moins capable de
revendiquer son identité. La France est confrontée, comme le reste de l’Europe
occidentale, à un immense problème qui est le problème de l’immigration. C’est
un problème quantitatif, l’immigration est de plus en plus massive, et c’est un
problème civilisationnel parce que les immigrés d’aujourd’hui, à la différence
des immigrés d’hier, ne se sentent pas tenus, pour une certaine partie d’entre
eux, de respecter les normes, les règles, les valeurs, les traditions, les
idéaux, de la société qui les accueille. Mais la France, ou toute une partie de
l’élite Française réagit à cette situation de manière étrange en faisant, et
c’est pathétique, l’apologie du métissage, c’est par le métissage qu’on va
régler la question. Donc les valeurs, les façons d’être, les styles vont en
quelque sorte se mélanger, et de ce mélange naîtra une civilisation heureuse.
Le métissage comme clé, comme horizon du vivre ensemble. Et de façon plus
étrange encore, ce métissage n’est pas pensé seulement comme horizon, il est
aussi pensé comme origine. On nous explique que la France a toujours été un
pays métissé, que le métissage est inhérent à la France, à l’Europe, à la
culture occidentale en général, que la France n’est pas un peuple mais a
toujours été un conglomérat de peuples. Historiquement cela n’a strictement
aucun sens, mais c’est aussi une façon pour la France en quelque sorte de se dévaloriser
elle-même. Au moment où son identité se défait sous les coups peut-être des
nouvelles technologies, une grande mutation technique, eh bien l’élite
contribue à ce phénomène, l’aggrave et l’accélère encore, en dissolvant tout ce
qui reste d’identité dans ce concept étrange, omniprésent, mensonger, de
métissage. Et je comprends que dans un tel contexte, où le mensonge idéologique
le dispute à la déculturation, la France soit aujourd’hui beaucoup moins
attirante qu’elle a pu l’être autrefois.«