Bertrand « Nash » Russell, peut-être est-ce là tout le problème que j’essaye de dénoncer et que l’on confond avec une envie maniaque de tirer sur tout ce qui bouge. C’est à dire, la démarche fallacieuse qui consiste à chercher d’abord l’étiquette avant d’essayer de comprendre et analyser ce qui se dit et se fait.

L’extrémisme croissant des opinions politiques montre bien ce phénomène inflationiste d’un système simplifié de pensée où ne s’affrontent plus que des propagandes aux buts peut-être opposés mais aux méthodes similaires, sinon calquées. L’emprise de ce système, qui n’est le produit d’aucune conspiration particulière sinon de la bêtise et la fainéantise la plus crasse autant de la part des émetteurs que de celle des récepteurs d’opinions qui sont interchangeables et s’alimentent mutuellement, est telle sur la pensée individuelle qu’il est très rare, maintenant, de trouver des démarches y échappant. C’est à dire, un volonté d’essayer de comprendre et d’analyser le discours et les faits avant de choisir un guide, si d’aventure il était nécessaire d’en avoir un, ce dont je doute fortement.

Dans la pratique, comment ça marche ? Dans le cas qui nous occupe, la Libye, sont pour moi très claires deux choses : une partie très importante de la population était en réel danger de mort et a demandé de l’aide. L’intervention militaire n’est sûrement pas le meilleur moyen de défendre la vie des gens dans l’idéal, mais la situation requérait une décision qui fut prise en accord avec la légalité internationale. Que Sarkozy soit, pour moi aussi, le prototype même du politique irresponsable que notre société produit si facilement, est justement la raison qui me pousse à refuser toute propagande et à réclamer une vigilance extrême afin d’empêcher les intérêts bâtards de se greffer sur les buts des résolutions de l’ONU. Ce n’est pas gagné car, justement, on est en pleine propagande d’un côté comme de l’autre et depuis des mois. Quelle que soit l’issue de cette intervention, d’ores et déjà la propagande des uns et des autres a gagné. Il sera très difficile, voire impossible, d’analyser objectivement les causes et les effets de cette intervention ce qui alimentera l’échelon suivant de l’affrontement des propagandistes de tous bords.

Ce n’est pas un phénomène exclusif de la crise libyenne, loin s’en faut. Le débat économique est sapé par ce même genre de problème, le politique, aussi. Rien d’étonnant à cela puisque tous ces débats sont logiquement liés et imbriqués et sont donc abordés de la même manière. Dès lors, ne me demandez plus ma filiation politique, déduisez-la vous-même ou mieux, oubliez votre besoin de catégorisation. On pourra alors, commencer à essayer de forcer les dirigeants à adopter un discours réellement politique et à abandonner les absurdités démagogiques dont ils nous abreuvent.