Hello
Chaque prétexte (comme récemment une descente de police dans un squat de Bristol) est suffisant pour justifier des émeutes et des attaques ciblées (...)
A Tottenham, c’est surtout la police qui a été prise pour cible, mais pas seulement, dans une frénésie de pillages et de rage qui ont laissé en amas fumants aussi bien quelques magasins visiblement choisis au hasard (qui, franchement, aurait voulu piller le Carpet’s World, équivalent local de Mondial Moquette ?) que des appartements ou des transports en commun. Les images de pillages, qui ont tourné en boucle sur les chaînes d’info tout samedi soir et dimanche, ont créé ensuite des vocations, en une contagion dont personne ne peut actuellement prédire l’ampleur. Mais le vandalisme et le vol organisé n’étaient en aucun cas, contrairement à ce que tentent déjà d’établir les médias conservateurs, le socle de départ de ce mouvement spontané.
La journée avait ainsi commencé, samedi, par une marche pacifique...
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Dans ce quartier cosmopolite, où d’énormes efforts ont été fait depuis le gouvernement Blair pour apaiser les tensions entre les communautés, ou entre les communautés et la police, ces émeutes laissent une bien inconfortable impression de déjà vu. Mark Duggan venait de la cité de Broadwater Farm, un des quartiers les plus pauvres de Londres, d’où est partie samedi la marche. C’est précisément là, en octobre 1985, qu’une bavure de la police (la mort douteuse de la mère d’un suspect) avait déjà provoqué un soulèvement impulsif. En représailles de ce que les manifestants décrivaient alors comme une attaque raciste, un policier fut lynché – et poignardé à mort.
Mais aujourd’hui, alors que magasins d’articles de sport ou d’électroménagers ont été rincés de leurs stocks par des gangs encagoulés, l’opinion publique – largement aidée par les images en boucles de la télé 24/24 et l’agitation de la presse de droite – regarde avec nettement moins de bienveillance l’insurrection qui vient. Comme le faisait remarquer un activiste de Tottenham, “il ne manquerait plus maintenant que les pompiers découvrent des cadavres calcinés dans les appartements qui ont été brûlés par les cocktails Molotov”. Ou que la frénésie de pillage se rapproche d’Oxford Street, la plus grosse avenue commerçante d’Angleterre.
Hier soir, les pillages s’en rapprochaient : il y a eu des affrontements avec la police sur Oxford Circus. Pour l’instant, tout est calme en province, mais n’oublions pas qu’en 1981, l’exaspération avait poussé Leeds, Sheffield, Bristol ou surtout Liverpool vers une guérilla brutale. C’était il y a tout juste trente ans : et si l’Angleterre cuisinait un gros gâteau avec trente bâtons de dynamite ?
JD Beauvallet Les Inrocks
________Eh ! eh ! Quand un gangster « souchien » se fait tuer par la police, pourquoi ça ne déclenche pas d’émeutes et
