L’article est intéressant car il évoque un thème - quoique ce ne soit pas très clairement formulé - dont on ne parle pas beaucoup.
L’idée que l’auteur essaye d’exposer a été exploitée par N. Georgescu-Roegen dans le cadre de ses travaux sur l’application des lois de la thermodynamique à l’économie, au cours des années 70. Ce que l’auteur appelle « écologie », Georgescu-Roegen l’appelle par son vrai nom : l’énergie.
C’est en effet bien cela. La raréfaction de l’énergie est le facteur lourd derrière toutes les conséquences que l’on peut observer de nos jours. Notre monde moderne sur-industrialisé ne vit que par le pétrole. Or, le pic pétrolier est aujourd’hui dépassé, ce qui signifie que la croissance, qui se nourrit du pétrole, va progressivement adopter la tendance contraire - la décroissance - au fur et à mesure que la production mondiale de pétrole va chuter. Les énergies dites « renouvelables » ne sont en aucune façon une solution (au mieux, et seulement à très petite échelle, un palliatif). Ce n’est pas avec du vent ou du soleil que l’on va fabriquer des fertilisants, des pesticides, des pneus ou ne serait-ce que du plastique. Des milliers d’éoliennes ne suffiront pas à faire tourner une usine sidérurgique de façon un tant soit peu pérenne. Et il ne me paraît pas davantage envisageable d’alimenter une ferme de serveurs Internet avec des panneaux solaires, du fait des contraintes physiques qui vont de pair avec ce genre d’infrastructures (impératif de redondance, de sécurité, de fiabilité, de refroidissement...).
La conséquence tristement prévisible de tout cela, c’est que d’une population mondiale de 7 milliards d’habitants - à peu près - nous allons passer à une population mondiale de 1 milliard. C’est à dire, le nombre d’habitants sur Terre - toujours à peu près - avant la « révolution industrielle » (dont la condition sine qua non était l’énergie d’origine fossile - charbon, pétrole, gaz - bien davantage que le progrès technique). Cette évolution aura lieu, qu’on le veuille ou non, qu’on soit pour ou contre, et ce sera moche, brutal et violent.