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Commentaire de Brath-z

sur Le dalai lama déclare : « je pourrais me réincarner en femme »


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Brath-z Brath-z 12 août 2011 12:54

Que le dalaï-lama se réincarne en femme paraît plutôt logique... après tout, à chaque réincarnation, il y a une chance sur deux que cela se produise, non ? Je m’étonne que cela ne soit pas arrivé plus tôt... sauf si, bien sûr, en fait de « réincarnation », il s’agit plutôt d’une sélection préalable d’un individu ordinaire (quoiqu’éventuellement doté de grandes capacités spirituelles ou intellectuelles) dont l’enseignement et l’instruction l’invitent à se pénétrer de l’œuvre de ses prédécesseurs. Vu que je crois à l’immortalité de l’âme, j’ai toujours regardé d’un drôle d’œil sur toutes ces histoires de « réincarnation », que je vois plutôt comme une démarche d’appropriation spirituelle de l’essence d’un individu ancien. Et, bien évidemment, une femme est tout aussi capable qu’un homme d’entreprendre pareille démarche. L’âme comme la spiritualité n’ont pas de genre.

Pour revenir au dalaï-lama lui-même, je trouve toujours étonnant l’écho dont il dispose dans notre partie du monde. Comme chef spirituel, il dirige une secte bouddhiste marginale (moins de 10% des bouddhistes à travers le monde), comme chef temporel, il incarne la mainmise d’une caste cléricale dictatoriale et tyrannique (même si Tenzin Gyatso assure depuis 1999 ne pas vouloir rétablir le système de domination lamaïque qui existait dans la province avant que les autorités chinoises mettent fin à son statut d’exception juridique en 1950-51). Sans oublier les accointances avec tout ce que la planète compte de régimes anticommunistes, mais bon, c’était la guerre froide.
En tous cas, que le prochain dalaï-lama soit une femme, voilà qui serait un singulier pied-de-nez à l’histoire, le Gelugpa étant de loin l’école bouddhiste la plus misogyne.

En guise de conclusion de mon commentaire, un message adressé à l’auteur :
Pourquoi faire la promotion (même pour les dénoncer) des théories délirantes qui font des femmes des « êtres inférieurs » ou « diaboliques » ?
Ne pensez-vous pas que la rhétorique qui associe les femmes à la douceur, au compromis et à la non-violence (rhétorique qui rappelle assez celle de l’Union des Femmes Françaises durant l’entre-deux-guerres) est un exemple assez frappant de sexisme ? Cantonner les femmes aux catégories stéréotypées des genres entretenues par les sexismes pour justifier l’institutionnalisation (fort rare et marginale dans notre histoire, heureusement) de l’infériorité juridique des femmes (depuis le « les hommes dans la Cité, les femmes au gynécée » des Grecs anciens jusqu’à la femme « éternelle mineure » - comme aujourd’hui encore en Arabie Saoudite - du Code Napoléon jusqu’aux années 1960, en passant par la théorie des femmes « créatures fragiles » qu’il faut « protéger de l’âpreté du monde » en les confinant au foyer et en leur interdisant l’accès au domaine public de Talleyrand-Périgord et des bourgeois du XIXème siècle), n’est-ce pas faire preuve de sexisme ?
Douceur et brutalité, affrontement et compromis, sont des qualités qui peuvent se retrouver aussi bien chez un homme que chez une femme, et je ne crois pas le moins du monde qu’une « place croissante » des femmes dans la société puisse réellement changer quoi que ce soit aux pratiques du pouvoir. Même si bien évidemment il est heureux qu’après un peu plus d’un siècle d’exclusion les femmes aient eu accès égal aux hommes à la sphère publique.


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