Et si l’homme n’était que ce
lieu transitoire d’esquive de l’impensable —
la réalité même ? Ce qui l’aura aidé et constitué un temps : la pensée réflexive, fonction de représentation de
l’inconnu, devient maintenant un obstacle générique à la pression de
l’intelligence du vivant
qui l’excède de part en part ? À la différence d’Alain Badiou qui croit
en un être mathématisable, je réalise dans ma solitude que c’est le
non-savoir de tout sur tout qui est ma réalité. Le savoir et le
connaître sont du domaine de l’ignorance qui sépare et travaille (par le
négatif refoulé et apparent – science de l’ontique) avec
l’intell-igence de l’énergie du vivant.
Ne sommes-nous pas dans une crise de saturation sémiotique et
sémantique qui nous fait perdre l’assurance dictatoriale de notre
habitude à identifier les rapports du signifiant au signifié selon des
affects subconscients et un corps inconscient
? Portée par les philosophes, les poètes et les artistes, la modernité,
depuis Nietzsche et Artaud, prône « l’absolu du corps », mais nous
allons dans cette catastrophe éco-égo-logique avec des corps niés et
génocidés !
En mon bunker de Melun mon amour, le corps, cet inconnu, a asphyxié jusqu’à hurler muettement sans que personne… personne ! RIEN ! L’épreuve de l’impuissance, de l’impasse et de la totale solitude a été la réponse !
Et le monde de faire « comme si de rien n’était » ! Quand bien même Godot serait là,
dans tous les camps d’extermination, je suis persuadé qu’il n’y aurait
qu’un ridicule pourcentage d’individus pour lui tendre la main et
accepter d’être sauvé. Sous couvert de l’impuissance de
« Dieu » et d’un « Mal absolu » qui tenaillerait l’humanité, le pape, au
nom (non) de l’Église, accrédite cette croyance, voilant, selon mon
expérience, LA résistance dans l’homme à ce qui le sauve depuis
toujours.
Ce dont les représentations religieuses
et scientifiques nous coupent, c’est de l’expérience directe des trois
points d’entrée et de sortie existentiaux (de la bulle mentale) que
sont la jouissance, l’angoisse et la douleur, d’où s’éveille le noble
sentiment du désespoir face à l’impasse humaine. Il n’y a nulle
part où aller. L’ENFER EST PSYCHO-PHYSIQUE, voilà le principe de réalité
que le monde fuit, et pour cause… si nous n’avions pas peur de
l’intelligence non duelle, nous réaliserions que « le mal
absolu » est le point d’épreuve où notre porosité est convoquée, par la
confrontation avec l’inconcevable de l’homme, orchestrant le piège du
pire ; miroir de notre dureté à recevoir, à accueillir la fin de toute
illusion, l’amour pour nul objet.