• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Sylvain Reboul

sur La mythologie citoyenne


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Sylvain Reboul Sylvain Reboul 15 mars 2006 15:19

Si je comprends bien, vous valoriser le « percept » aux dépens du « concept » pour penser rationnellement l’idée de citoyenneté.

D’une part je ne comprends pas très bien ce que vous appellez percept, sinon le sentiment communautaire spontané lui-même, d’autre part je pense que la politique aujourd’hui doit s’affranchir du sentiment d’appartenance fusionnelle et d’identification collective pour penser rationnellement dans le registre de l’universel en droit (et non pas seulement en fait) et de l’idée de justice. Et cela ne peut se faire qu’en tant que l’individu citoyen se détache par l’usage critique du concept (toujours déconstruisant les illusions et préjugés collectifs) de ses liens affectifs spontanés.

Je suis pour cette raison très favorable au fait que les individus ne se sentent plus attachés à une communauté particulière inmovible, qu’ils deviennent nomades et multiples dans leurs identités relationnelles partielles, elles mêmes diverses ; c’est la condition et le résultat de la liberté de penser qui s’inscrit dans le travail philosophique depuis son origine, lequel est aussi à l’origine intellectuelle de la libération du religieux qui définit la politique moderne (et aussi l’ensemble de la culture), y compris sous sa forme républicaine nationaliste.

La société moderne n’est pas (plus) la communauté mythique des sociétés traditionnelles et si l’on peut admetter la seconde ce ne peut être que dans un cadre privé ou public infra-politique et non pas politique au sens de l’organisation et de la régulation de la société globale, sauf à prétendre définir la justice comme le défense inconditionnée de son groupe contre les autres..

Toute l’histoire humaine et contemporaine exige de nous, aux regard des massacres qui ont marqué toutes les tentatives communautaristes et anti-individualistes ou anti-libérales, de mener ce combat pour la raison qui consiste à disqualifier tous les percepts affectifs collectifs infra-politiques qui prétendent commander la politique dans une société individualiste . C’est aussi cela la laïcité.

La philosophie est critique ou n’est pas ; elle n’a pas de certitude toute faite, mais, justement, elle ne doit pas penser dans la perspective de percept qui confortent ces certitudes, mais dans la dynamique du concept pour nous aider à penser les conditions de la crise et donc de son dépassement vers d’autres formes de sociétés et d’imaginaire social. Elle doit penser le monde aussi pour le transformer, c’est la leçon non seulement de Marx mais, avant lui, de la philosophie des Lumières dont nous sommes tous les héritiers sur ce forum.

Philosophie et culture


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès