Je ne vois pas trop où l’auteur veut en venir, et quelle couleuvre il
veut nous faire avaler, en disant que le capitalisme porte en lui une
genèse de justice sociale et d’émancipation, permettant aux plus
pauvres d’accéder à la fortune, dans une sorte de mouvement gracieux... Ce
n’’est pas vraiment le mécanisme d’exploitation que Marx a si bien
traduit. Le système capitalisme se fout pas mal de l’humain, seul
l’intéresse le retour sur investissement, et les mécanismes permettant
de l’optimiser.
Quant à penser que le capitalisme est incompatible
avec l’absolutisme, il suffit de se rappeler des années noires des
dictatures argentines et chiliennes. Les systèmes de répression et de
contrôles ont mille visages, et peuvent être mises en service de
n’importe quelle cause, comme tant de mercenaires, qui se vendent au
plus offrant.
Le goulag et la police politique existait sous le tsar,
et cette fascination du contrôle est le propre des régimes qui refusent
tout changement, et se sentent dépositaire d’une sorte de droit divin,
leur permettant d’emprisonner, de torturer et d’enfermer sans état
d’âme, que ce soit sous la longue dictature espagnole ou dans le régime
nord-coréen.
La plus grande difficulté rencontrée par la police
politique, et par tous les manipulateurs, c’est la limite de
l’intendance : Que pouvait-on faire contre ces noyaux de résistance qui
choisissait la clandestinité, la lutte armée.
Bien qu’on est pendant
longtemps trouvé Orwell démodé, il se pourrait bien que l’horreur
informatique, permettant de ficher et de retrouver séance tenante
n’importe quel citoyen s’apparente assez au monde qu’il avait décrit
dans 1984, avec cette émergence des écrans, surveillant les individus
même dans leur sphère privé. Ces téléviseurs, que l’on n’a pas le droit
d’éteindre, et dans lesquels big brother vous suit du regard,
ressemblent comme des frères à des écrans d’ordinateur branchés sur
internet....
Huxley et Orwells, deux auteurs qu’on oppose souvent, en
pure perte, tant ils se complètent dans leur analyse. Deux vrais
gentlemans anglais, des esprits brillant et novateurs, détestant les
écoles, les courants de pensée toute faite dans lesquels on a tenté de
les emprisonner.
Deux types en l’occurrence assez insaisissables,
que certains classaient à droite, ou à gauche, et qui en fait étaient
d’ailleurs.
Orwells, dans 1984 a été vu comme un réactionnaire, caricaturant le communisme, et condamnant le rêve des travailleurs,
alors que son histoire et son engagement montre un vrai socialiste, mais
ayant compris très tôt l’horreur stalinienne, et son mécanisme
d’oppression. Il faut lire « hommage à la catalogne » racontant ses
souvenirs de la guerre d’Espagne au coté des républicains, et son
désenchantement, devant le bannissement et la condamnation des membre du
POUM, dont il faisait parti.
La calomnie et la désinformation,
condamnant ce parti révolutionnaire par d’autres communismes, lui
donneront sans doute un aliment certain pour écrire son œuvre maitresse,
1984....
Huxley, issu d’une famille de scientifique, a très bien
compris les mécanismes d’oppression à l’œuvre, dans les promesses d’une
offre de bonheur,et de la prise en charge des problèmes existentiels.
A
ceux qui trouvent ces auteurs pessimistes, il faut rappeler que ce
n’étaient pas précisément des intellos de salon, style BHL. ( surtout
Orwell qui est mort à à peine 50 ans) Ils se sont cogné tous deux à la
vie, en tant que lutteurs, comme ces vieux loups de mers qui ont doublé
le cap Horn, et n’avaient envie de faire plaisir à personne, mais ont
tenté d’apporter leur témoignage, en se moquant bien s’ils allaient
choquer.
A ce titre, on peut leur tirer notre chapeau
Bravo à l’auteur de lancer un débat sur ces deux hommes, ça nous change des aventures de DSK au sofitel !