La Palestine : Un État démocratique et laïque est la seule solution viable et durable
Par Jamil Hilal (février 2008)
L’exigence palestinienne d’un État territorial souverain a été exprimée
peu après l’effondrement de l’Empire Ottoman, et l’imposition de la
règle coloniale britannique sur la Palestine. Elle s’est amplifiée avec
la division arbitraire du Moyen-Orient entre les puissances
impérialistes dominantes d’alors (la Grande-Bretagne et la France). En
1917, la Grande-Bretagne a publié la Déclaration de Balfour,
s’investissant personnellement pour faciliter l’établissement "d’une
patrie juive" en Palestine, ignorant la volonté des habitants indigènes
du pays (les Palestiniens) et de leur droit à l’autodétermination.
L’exigence d’un État palestinien est devenue insistante une fois qu’il
est apparu clairement que les Arabes n’auraient pas leur État-nation
unifié que les Anglais leur avaient promis la veille de la première
guerre mondiale. L’exigence de l’indépendance palestinienne a acquis une
urgence particulière une fois que les Palestiniens ont réalisé les
objectifs du projet sioniste, et les pleines implications de la
Déclaration Balfour. Cette exigence était liée à la lutte que les
Palestiniens ont mené à la fois contre la domination impériale
britannique, et la colonisation sioniste. Cela explique également
pourquoi les Palestiniens ont refusé le partage de leur pays en un État
arabe et juif en 1947, l’ayant ressenti, à juste titre, comme quelque
chose d’injuste et comme une violation de leurs droits. En outre,
plusieurs des résolutions et des initiatives « internationales » ont
montré de manière flagrante, et le font toujours, un traitement
différent dans l’application du principe d’autodétermination quand son
application concerne les Palestiniens.
Il est important de rappeler que le pluralisme religieux n’était pas la
cause du conflit entre les Palestiniens, et les colons juifs Sionistes
(plus tard les juifs Israéliens). Le mouvement national palestinien
avant 1948 avait réclamé un État démocratique pour inclure les diverses
communautés ethniques et religieuses qui ont élu domicile en Palestine.
Le mouvement sioniste européen bien organisé et bien armé, aidé par la
Grande-Bretagne, a été capable de vaincre la société palestinienne
principalement rurale, avec son mouvement national mal organisé, mené
par les familles notables. Les contingents militaires fortement
désorganisés et mal armés, envoyés en 1948 par les États arabes voisins
(sous le joug impérial britannique et français) pour aider les
Palestiniens, ont été facilement vaincus par les forces sionistes
qualifiées et mieux équipées. De ce fait fut déclaré Israël, en mai
1948, sur 78% de la Palestine Mandataire, beaucoup plus que les 51%
prévus par le plan de partage de 1947 des Nations Unies. Les 22%
restant du territoire - la Cisjordanie et la bande de Gaza - sont tombés
respectivement sous le joug de la Jordanie et de l’Egypte. Seulement
une fraction des Palestiniens est restée dans les secteurs sur lesquels
Israël a été établi, la plupart étant soumis à diverses formes de
nettoyage ethnique comme les nouveaux historiens israéliens l’ont
reconnu ces deux dernières décennies.
Le sionisme est une ramification spéciale du colonialisme nationaliste
européen avec un projet (ethno-religieux) de construction d’État. Comme
le colonialisme européen dans d’autres parties du monde, il a fait face à
un mouvement national de libération qui cherchait l’autodétermination,
l’émancipation et l’indépendance. La question de la Palestine est une
question coloniale, et c’est la dernière question coloniale à rester non
résolue au 21ème siècle. Ceci explique pourquoi Israël a trouvé
nécessaire après soixante ans de création de construire un mur autour
d’elle-même par crainte de perdre son caractère originel et individuel.
Une majorité de Palestiniens sont devenus réfugiés et une agence des
Nations Unies (UNRWA) a été établie pour administrer leurs affaires dans
environ soixante camps établis pour les plus indigents des réfugiés
palestiniens dans les secteurs entourant l’État sioniste. Les
Palestiniens, qui sont parvenus à rester, ont reçu la nationalité
israélienne mais ont été traités, et continuent à être traités, comme
des citoyens de seconde zone et comme des minorités non-Juives, et non
comme une minorité nationale. Cela est en totale cohérence avec la
définition d’Israël en tant que combinaison du judaïsme et de la
démocratie, et avec le fait de n’accorder la pleine égalité des droits
démocratiques qu’aux juifs israéliens.
Les 22% restant de la Palestine (c.-à-d., la Cisjordanie et la bande de
Gaza) sont soumis respectivement aux règles jordaniennes et égyptiennes.
Le Nakba de 1948 (ou la « catastrophe » selon les Palestiniens et les
Arabes) a dévasté le mouvement national palestinien, et il a fallu
presque deux décennies, et encore deux guerres (l’invasion de Suez en
1956 et l’occupation israélienne de la bande de Gaza, et la guerre de
six jours de 1967 avec l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de
Gaza par Israël ainsi que le Sinaï et le plateau du Golan) pour qu’il se
réinvente entièrement comme mouvement de résistance palestinien sous le
nom de l’organisation de libération de la Palestine (OLP).
La suite de l’article et d’autres contributions ,dans la revue Dialogue pour le droit au retour ,pour un seul Etat,unifié ,laïque et démocratique sur tout le territoire de la Palestine