• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Cédric

sur Et si le réchauffement climatique provenait des taches solaires ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Cédric (---.---.172.188) 13 janvier 2007 20:28

A Caldo,

Votre argument est faux et je me permets de rebondir là-dessus afin de préciser quelques points essentiels ainsi que les méthodes utilisées aujourd’hui par les scientifiques (notamment glaciologues, climatologues, géochmistes, thermodynamistes spécialistes de la glace et géologues).

Premièrement, il faut distinguer carottes glaciaires et forages glaciers. Les premières atteignent tout au plus une centaine de mètres, les seconds peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres. Il me semble même que le km est à l’état de projet ; si le projet est aujourd’hui réalisable d’un point de vue technologique, notons néanmoins qu’il existe un problème d’étique scientifique, le rendant ainsi discuté et discutable. La raison principale est simple : la communauté scientifique ne veut pas polluer le trésor géologique que peut être la calotte glaciaire (pollution notamment des couches inférieures qui ne sont pas en contact avec l’air libre actuel, et donc avec la pollution actuelle, et essentiellement celle d’origine humaine).

Deuxièmement, il s’avère que sur une carotte glaciaire (de quelques mètres à dizaine de mètres donc), nous pouvons relever des couches de glaces (volontairement au pluriel) datant parfois de plusieurs milliers d’années. La méthode est assez simple dans son principe : une sonde est insérée dans la glace au moment du carottage et mesure avant contact à l’air libre la composition en gaz piégés (CO2, O2, Azote, etc, etc...).

Les gaz piégés sont d’ailleurs potentiellement datables par des méthodes de spectrométrie plus ou moins fines. C’est le cas du fameux CO2 par exemple, dont la teneur en C14 est mesurable et peut-être rapportée afin de déterminer l’age des gaz piégés, et par comparaison (ou analogie) de la glace qui les emprisonnent. C’est le cas aussi du dioxygène, dont les teneurs en O16 et O18 sont connues plus ou moins précisément au cours du temps. Nous pouvons ainsi remonter le temps et reconstruire l’atmosphère des siècles voire millénaires précédents.

Une autre méthode de datation, plus empirique, mais assez simple, existe aussi. A chaque saison (au pôle, ce sont grossièrement hiver et été) correspond une couche de glace bien déterminable de celle qui la succède et de celle qu’elle précède. C’est notamment dû à la thermodynamique de formation de la glace, qui dépend de la température de l’époque, de la teneur vraie en eau et gaz (composition chimique de la glace si vous préférez, la glace n’étant bien sur pas de l’eau pure), etc, etc. Cette étude est souvent menée en parallèle avec l’analyse des bestioles piégées par exemple, ainsi que par l’étude des sédiments lacustes et/ou marins d’ages identiques.

La méthode reste donc simple et ressemble grossièrement à celle utilisée en dendrochronologie par exemple : il suffit de compter les couches pour avoir une idée de l’age d’un niveau spécifique ! Ainsi, nous arrivons à des ages de plusieurs centaines d’années, parfois de plusieurs milliers d’années.

Enfin, dernière argument qui va en défaveur de ce que vous dites précédemment. Il est aujourd’hui reconnu (et beaucoup de techniques modernes de la Géologie (pour ne pas dire toutes) vont dans ce sens) que le continent Antarctique est recouvert de glace depuis, et si mes souvenirs sont bons, les 45 derniers millions d’années. Certes, les couches supérieures de la calotte glaciaire ont pû fondre en raison des périodes que vous dites à juste titre « chaudes » (je parle ici à l’échelle de la centaine de milliers d’années, ou si vous préférez en terme de période de Milankovitch) mais la calotte glaciaire au Pôle Sud n’a jamais fondu totalement depuis cette période. Nous parlons d’ailleurs au Pôle Sud de près de 3 km de glace.

Aussi, et pour en revenir aux gaz piégés dans les couches de glace, le meilleur endroit au monde pour avoir une idée de la composition de l’atmosphère basse à un temps donné inférieur à 45 millions d’années, c’est le Pôle Sud. Il s’avère aussi que, plus la glace est ancienne, plus il y a des chances que les compositions mesurées soient proches de celles de l’époque.

Autrement dit, les études glaciologiques peuvent donner une idée particulièrement précise de la composition chimique de l’atmosphère. Il va de soi qu’il existe une marge d’erreurs, toujours indiquée lors des mesures données. Cette marge d’erreur doit être comparée aux mesures réalisées et ne doit pas dépasser la mesure donnée. Enfin, la marge d’erreur est dûe notamment aux méthodes d’analyse employées ainsi qu’à la « pollution » lors de la fonte des glaces et à la remise conséquente dans le système des gaz piégés précédemment.

Cordialement, Cédric


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès