Bonjour Taïké.
Merci pour une autre de vos excellentes
contributions à Agoravox. Je souscris très volontiers à votre analyse et
fait partie de ces désenchantés qui un jour se sont rendu compte qu’il
existait un méchant coup de canif dans le contrat social entre les
citoyens, les politiques et les médias.
Et ce fut le onze
septembre bien sûr, qui me jeta un jour dans les bras d’internet. Ou
plus exactement l’indigence d’une émission sur les théories du complot
où en gros, rien n’a été dit si ce n’était : les complotistes sont des
adolescents boutonneux (avery) guidés par la soif du profit et
l’ignorance crasse de ce qu’ils racontent. Ils sont télécommandés par
les néo-fascistes antisémites américains. Dormez, braves gens, tout va
bien.
Au contraire de divers témoignages, je ne vis pas mal mon
scepticisme quotidien, et ne me sens pas tout-à-fait isolé. Je n’essaye
jamais de convaincre, mais sème les petites graines du doute
tranquillement, au hasard des conversations. Je me contente de donner
mon opinion. Et comme mon opinion est parfois respectée dans d’autres
domaines, par amalgame, elle s’incorpore lentement aux idées débattues
avec les gens qui m’entourent.
Ce n’est pas une croisade,
remarquez. Juste des accès de libre pensée. Malgré cela, je trouve que
les rangs des sceptiques gonflent lentement mais sûrement - comme en
témoigne le récent sondage de reopen, lequel confirme au passage la
défiance grandissante du public à l’égard de ses médias. Je pense que de
plus en plus, les journalistes vont devoir choisir entre l’ivresse de
la liberté ou le confort de la mangeoire. Et il est sans doute encore
plus difficile pour eux de s’éloigner de la ferme, vu que c’est là
qu’ils ont été élevés.
Comme l’écrivait hier Talion, ce n’est que
lorsque le gouvernement de Vichy a prétendu imposer le STO que la
France à lentement basculé dans le camp anti-allemand. La prise de
conscience est un phénomène complexe. Tant qu’il sera plus confortable
de ne pas s’interroger, on ne s’interrogera pas. Quand surviendront des
problèmes concrets, comme ceux de la crise, qui affecteront directement
la vie des gens, unrest will spread, l’agitation se répandra, et ceux
qui ne pensent ou ne parlent pas encore commenceront à récriminer tout
haut.
Mais ce ne sera que lorsque des personnes par ailleurs
charismatiques élèveront suffisamment leur voix que les mouvements se
mettront en branle. Tout comme dans le monde des journalistes, de jeunes
politiques aux dents très longues commencent probablement à flairer le
vent et attendent leur heure. Et en ce sens, effectivement, tout reste
affaire de croyances, de consignes simples, de mots d’ordre,
d’affiliation à un clan.
Les pro-vos sont bizarres. Ils
réagissent comme jadis dans les classes, les bons élèves conformistes
s’emportaient contre les marioles qui osaient remettre en cause la
parole du maître. Avec le même type d’argument : tais-toi, toi qui sait
moins que le maître, et que moi, qui suis un bon élève.