Chère Madame Ségurane,
A l’avenir, j’espère que vous serez bien aimable de lire les articles que vous commentez.
Vous écrivez : "Reconnaitre la responsabilité de la France ... j’aime bien les
Pieds-Noirs et les Harkis, mais j’en ai mare qu’on soit les éternels
bouc émissaires. Et que Sarko soit d’accord pour culpabiliser encore la
France pour les crimes du FLN. On a atteint un tel degré de
culpabilisation qu’on devient responsables des crimes de nos ennemis et
des crimes dont des Français ont été victimes ! Cela suffit !«
Or dans l’article, il est écrit : »Reconnaissance de la responsabilité, non pas de la France, mais du
gouvernement français, à commencer par son chef, Charles de Gaulle, dans
l’holocauste de 60.000 à 200.000 Harkis et Algériens francophiles (...)"
Dans le précédent article sur la Longue Marche des Harkis, publié en juillet sur AgoraVox, Hamid Gouraï disait d’ailleurs clairement : « Il n’est pas question de laisser Nicolas Sarkozy
entourlouper son monde. Ce n’est pas la responsabilité de la France que
Sarkozy doit reconnaître, c’est la responsabilité de l’Etat français, en
particulier celle de Charles de Gaulle et de son gouvernement. Car dans
cette affaire, la France a été victime, comme les Harkis, les Algériens
francophiles et les Pieds-Noirs. Accuser la France comme le fait
Sarkozy, c’est à la fois insulter la Nation, et épargner les vrais
coupables ! Le coupable, je le répète, ce n’est pas la France : c’est
l’Etat français et son chef, Charles de Gaulle. C’est cela que Sarkozy
doit reconnaître, et pas autre chose. »
Merci donc, à l’avenir, de bien lire les articles que vous prétendez commenter.
Par ailleurs, quand vous portez des jugements sur l’époque, si je puis me permettre, vous devriez être plus prudente et creuser davantage un sujet que manifestement vous connaissez assez mal.
Les massacres des Harkis et des Algériens francophiles étaient prévisibles de nombreux mois, et même des années avant l’indépendance survenue en 1962. Pour les éviter, il suffisait non pas de relancer une nouvelle guerre comme vous le dites (qui du reste a été « perdue » volontairement par de Gaulle, personne ne le conteste aujourd’hui), mais simplement de permettre aux Harkis et aux Algériens francophiles d’être « rapatriés » en métropole : ce à quoi de Gaulle et son gouvernement se sont opposés. Mieux encore, ils ont désarmé les Harkis et les ont même parfois directement livrés à leurs bourreaux... Dans cette affaire, la responsabilité de l’Etat français (et non pas de la France) est donc patente.
Je ne saurais trop vous conseiller de lire La République inversée, Affaire algérienne (1958-1962) et démantèlement franco-africain (Ed. L’Harmattan), que j’ai publié en début d’année avec Raphaël Tribeca. Vous y apprendrez et comprendrez des choses bien différentes de ce que vous avez l’air de croire...
Bien cordialement,
Alexandre Gerbi