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Libye : l’aveu de la guerre
La choquante parade prématurée des matamores franco-britanniques
George Bush avait célébré, en d’autres temps, tour à tour sa
victoire sur les talibans en Afghanistan puis en Irak. A ce jour, les
talibans sont en passe de revenir à Kaboul et l’Irak est un pays
fantoche, en guerre civile et religieuse. On a beaucoup reproché au
président américain ces triomphes à la romaine largement injustifiés et
démentis par la suite dans les faits.
Dans un monde où il n’y a plus de vraies victoires ni de vraies
guerres, il est imprudent de se comporter en vainqueurs et la visite
éclair en Libye de Sarkozy et Cameron si elle n’était pas scandaleuse,
serait pitoyable et parfois divertissante.
On s’est moqué de la résolution de l’Onu.
Le scandale majeur réside dans l’aveu arrogant d’une hypocrisie
totale. S’il y a des vainqueurs, c’est qu’il y a un vaincu. Si le vaincu
est Kadhafi, c’est donc bien que le but recherché était sa chute et
non la protection de populations civiles. On s’est moqué de la
résolution de l’Onu. On a menti et, de plus, on en est fier.
Le comportement de matamore - à l’origine quelqu’un qui se vante de
tuer des maures puis par extension des arabes et des musulmans - est
prématuré. Rien ne dit que la Libye ne connaîtra pas un avenir irakien
ou afghan. On peut même assurer que ce sera l’un ou l’autre, peut-être
les deux à la fois.
Reste qu’il y a aussi de quoi sourire
Quand le président français affirme qu’il n’est pas intéressé par les
ressources libyennes et que sa guerre est morale, mais qu’il rajoute
que « si les entreprises française étaient récompensées, ce serait
rendre justice au rôle de la France ». C’est de l’humour ?
Quand à l’hôpital de Tripoli il est accueilli par des « Allah Akbar »
cela reflète bien les convictions profondes de ces « démocrates »
Quand il prononce en français un discours, parait-il gaullien, devant
une foule qui ne comprend que l’arabe dialectal avec quelques mots
parfois d’italiens.
Quand cette foule acclame les représentants des deux pays
colonisateurs historiques du continent, faisant se retourner dans leurs
tombes les libérateurs autochtones. La colonisation, la vraie a été elle
aussi souvent une libération de tyrans sanguinaires. Cela devrait
faire réfléchir certains.
N’est ni Scipion l’africain, ni Gordon le défenseur des populations
civiles de Khartoum, qui veut… mais notre Lawrence des sables de la
tripolitaine peut se réjouir. Il a occulté le débat ennuyeux des
candidats du Ps à la primaire.
Si par malheur pour lui la présidence française lui échappait, il
pourrait toujours devenir grand mamamouchi du Fezzan et de la cyrénaïque
si bien sur……. le nouveau grand turc le lui permet.
Jean Bonnevey