Ainsi los Indignados et les Indignés sont parvenus à Paris, et plus précisément à Bercy ce qui sur le plan symbolique n’est pas rien, à camper sur un espace public. Certains d’entre vous n’imaginent peut-être pas à quel point cela représente pour eux une très grande victoire.
Pour le comprendre il faut savoir que pour eux la réappropriation de l’espace public est essentiel. Ils ont en effet le sentiment profond que les citoyens européens en sont dépossédés. Que cet espace n’est plus perçu par les Pouvoirs comme le lieu de la convivialité, mais comme celui de la subversion sur lequel aurait donc toute légitimité à s’imposer de manière permanente, y compris par la violence, les représentants de la Force et de la surveillance. Il n’est pas anodin en effet de constater l’expansion du nombre de caméras dans les rues des villes. Et vous n’aurez pas été sans noter que les Autorités tentent désormais de masquer ce processus en faisant évoluer la sémantique. On ne parle plus de vidéo-surveillance, mais de vidéo-protection...
Et c’est pourquoi les Indiqués furent intimement réjouis d’avoir pu camper sur la place centrale d’Orléans, une ville qu’on leur avait présenté, à tort ou à raison, comme la ville pionnière en terme de vidéo-surveillance, pardon protection. Ce qui leur fut d’une certaine manière confirmé par la réaction du maire UMP d’Etampes, qui lui s’est déplacé comme bien d’autres maires de communes et de villes traversées, afin de les accueillir. Il leur confia sa surprise qu’ils aient pu y parvenir. « Vous êtes sacrément forts » leur aurait-il même dit en substance.