« il existe une langue au moins 5 fois plus rapide à apprendre que l’anglais. »
Je suis au moins cinq fois plus intelligent que vous, donc mon opinion a plus de poids.
Vous voyez, moi aussi je peux sortir des nombres de mon chapeau et les utiliser pour donner à mon propos une apparence de légitimité.
C’est une technique éprouvée, connue de tout les publicitaires.
C’est bien connu, les chiffres ne mentent pas (d’ailleurs, on ignore royalement la différence entre chiffre et nombre).
Et ainsi, on camoufle toute la complexité du débat. Une phrase lapidaire telle que « l’espéranto ne sert à rien », qui pourrait être remise en question de plusieurs façon se retrouve investie d’une légitimité apparente grâce à l’adjonction d’une statistique dénuée de sens.
Il est tout aussi ridicule de dire que l’espéranto est cinq, dix, cent, un décilliard de fois plus rapide à apprendre que l’anglais que de dire que je suis dix, cent, un vigintilliard de fois plus intelligent que vous.
Parce qu’en disant ça, on élude complètement les paramètres suivant :
1)Comment mesurer la chose en question ?
2)Quand commence-t-on à apprendre une langue ?
3)Est-ce qu’on peut vraiment considérer que l’apprentissage d’une langue a une fin ?
4)Est-ce que ce qui est valable pour X, locuteur de la langue α est valable pour Y, locuteur de la langue β ?
5)Est-ce que ce qui est valable dans tel contexte social ou culturel est valable dans tel autre ?
Et surtout, plus fondamental encore :
0)Est-ce que la mesure en question a une pertinence réelle ?
À mon avis, la réponse à 3, 4, et 5 est clairement non, ce qui rend la phrase « la langue P est
x fois plus rapide à apprendre que la langue N » absurde, et nous apporte la réponse à 0.
Typhon