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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Et si nous n'étions que des théocraties travesties ?


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 16 mars 2006 12:37

« Certes, votre propos est cohérent dès lors que vous définissez la théocratie comme vous le faites ; mais dans un sens plus profond, plus ouvert, reste la question de l’influence du religieux sur les démocraties. »

En effet, cette influence n’est pas négligeable, mais d’une part elle ne doit pas être confondue avec un régime théocratique : il ne faut pas confondre pouvoir formel (constitutionnel) et pouvoir d’influence (informel, a-constitutionnel).

D’autre part, cette influence ne peut s’exprimer dans le débat public qu’en utilisant des arguments plus rationnels que des appels de foi à l’autorité divine, à la révélation et aux textes sacrés, car ils s’agit aussi de convaincre les non-croyants (et convaincre n’est pas persuader). Ce qui fait que cette influence se sécularise. Ce qui est un grand progrès démocratique.

Enfin on peut constater que cette influence est de moins en moins prégnante y compris chez les croyants ; ex : la contraception, l’avortement, l’homosexualité, la masturbation, et même les expériences sur l’embryon humain, le clonage thérapeutique etc ; tout cela est condamné par l’église catho dans un pays où les catholiques sont encore apparemment majoritaire (tout dépend des critères que l’on retient), mais cette condamnation est très peu approuvée et encore moins suivie chez les cathos (tout dépend des critères de catholicité, mais si on les maximalise alors il n’y a pas plus que 10% de cathos purs et durs en France).

Donc il n’ y a pas de nuance à apporter quant à la contradiction logique entre théocratie et démocratie ; c’était là l’objet de mon commentaire ; quant à la question de savoir en quoi les églises, donc les religions (et pour moi il n’y a pas de religion sans églises et il ne faut confondre foi personnelle et croyance religieuse) ont contribuées historiquement à l’origine et à l’essor de la démocratie, elle relève historiquement d’une réponse globalement négative. Les philosophhes des Lumières tels Voltaire, Diderot, d’Holbach, Helvétius, La Mettrie, Condorcet ont tous été en rupture avec l’idée que la religion devait déterminer la politique et se sont battus contre elle. Il ont préparé en cela le principe de la laïcité qui a « consacré » le principe la séparation entre la religion et la politique, c’est à dire entre l’église et l’état, condition de la démocratie pluraliste.

Je me prononce sur le droit et non pas sur le fait que certains croyants seraient aussi démocrates ; c’est tout à fait possible, mais c’est leur problème, pas le mien.


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