Le témoignage de Babaro a été replié, pour je ne sais quelle raison. C’est regrettable car dans le concert de réprobation légitime qui conduit à brûler, éteindre et brûler encore, vous êtes la seule parole de « victime ». N’êtes-vous pas la « bonne » victime ? N’êtes-vous pas assez souffrant, détruit, pour que votre témoignage soit entendu et lu, et pris en compte ?

La violence des anathème montre que l’on est devant un genre de crime que l’on ne peut digérer. Il n’y a dans ma pensée aucune indulgence. Je ne partage pas la compassion que l’on témoignait à gauche à une époque pour les criminels. Mais entre cette compassion, et une attitude de totale intransigeance qui interdit d’aborder la question autrement que par l’émotion, qui interdit de chercher en amont comment prévenir ces crimes en les analysant, en nuançant les degrés de gravité comme pour tous les crimes, je me dis que le tout répressif sarkozyste a gagné.

On différencie des degré dans le vol, des degrés dans l’agression physique (de la gifle au meurtre, du meurtre à l’assassinat). Tout crime doit être compris dans son degré de gravité.

Les crimes sur les enfants sont violents, oui. Encore faut-il savoir en apprécier le degré de gravité.

Je le redis : sans faire dans la compassion pour les criminel, je crains que la pensée sarkozyste, dont on ne peut pas dire qu’elle soit particulièrement élaborée, semble avoir gagné.

Plusieurs interventions qui n’allaient pas dans le sens d’une condamnation absolue, qui tentaient d’analyser la question avec différents arguments, ont été repliées. Je ne comprends pas le pourquoi. La réalité ne saurait s’apprécier à coups de hache. Je trouverais utile que ’on explique ici pourquoi certains commentaires ont été repliés.

D’autre part je n’ai pas eu de réponse sur une question assez essentielle : puisque le SAP (Syndrome d’Aliénation Parentale) est présenté dans cet article par l’auteur comme un instrument aux mains des pédophiles, quelle est la statistique de pères ou de mères pédophiles dans les parents qui ont invoqué le SAP ? Cela me paraît particulièrement légitime et indispensable pour valider cette partie de l’article. Beaucoup de parents - majoritairement des pères, mais des mères aussi - sont victimes de fausses accusations d’attouchements en cas de divorce conflictuels. C’est trop grave pour ne pas être évoqué ici alors que la présentation du SAP est très univoque et partiale.

Le témoignage de Babaro :

« Je ne pensais pas témoigner dans ce débat mais pour aller dans votre sens, j’ai eu moi-même deux expériences avec deux femmes différentes alors que j’avais dans le premier cas 8 ou 9 ans (attouchement) et le deuxième pas tout à fait quinze ans (pendant au moins deux ans). Cela remonte à plusieurs années. Si j’avais vécu ces « expériences » aujourd’hui, peut-être que la pression sociale m’aurait amené à dénoncer ces faits hautement réprouvables par la morale et répréhensible par la loi. Mais à l’époque, ma mentalité de jeune-garçon me faisait au contraire ressentir une certaine fierté. Comme je ne me sentais pas violenté, je peux même avouer avoir éprouvé du plaisir. Et, il ne m’est jamais venu à l’esprit de dénoncer ses femmes. J’ai partagé à l’époque ces événements très confidentiels avec certains amis et parfois même des adultes, mais personne à l’époque, bien que particulièrement intrigué, n’avait paru se scandaliser. Ce qui m’amène d’ailleurs à penser qu’il existe dans ce domaine très sensible au minimum, un deux poids deux mesures. Je pense qu je ne suis pas le seul enfant masculin à qui ce genre de chose est arrivé et qui ne s’est pas senti blessé. J’aurai sans aucun doute était bien plus malheureux si mes indiscrétions de l’époque avaient eu pour conséquence de briser la vie sociale des « abuseuses » et encore plus de les jeter en prison.

Ce deux poids deux mesures m’amènent à penser qu’il est tout aussi dangereux et inhumain d’amalgamer tous les pédophiles. Entre le « touche-pipi », comme certain ici le disent, et le viol cruel ou le cérémonial satanique pouvant amener à la mort d’un enfant, je crois sincèrement qu’il faut garder quelques nuances. Je pense que depuis que le monde est monde, il y a toujours eu cette attirance, plus ou moins secrète, plus ou moins sexuelle, envers la jeunesse. Ce qui est condamnable entre tout, c’est la violence. Et un grand nombre de gens feigne de l’ignorer en amalgamant sciemment ou inconsciemment tous les cas sous un seul vocable infamant : « la pédophilie » ! 
Mais quand on compare les cas dans leur extrême complexité, on voit en fait que cela contribue paradoxalement, à édulcorer les cas les plus sordides et les plus malfaisants, car ceux-là peuvent dès lors se retrancher derrière une masse d’individu pas fondamentalement mauvais mais faible sur leurs pulsions pour laquelle la société a encore quelque indulgence. On a tout fait pour effacer les distinctions, mais pourtant certains sont des êtres éminements cruels, insensibles voire sadiques ou meurtriers, tirant satisfaction de leur dominations et d’autres peuvent au contraire être des gens sensibles, attentifs et lutter pied à pied contre leur malheureuse libido. On ne me fera jamais admettre que ce sont les mêmes individus sous ce vocable. Certes, il existe des cas intermédiaires, tout est dans la nature.


Je trouve intéressant que vous rappeliez que le Japon « le pays du matin calme », pays au moins aussi ancien que le nôtre, est été, sous la pression internationale, obligé de donner un âge légal à la sexualité.


De plus certains débatteurs zélés font preuves, sans doute emportés par une indignation compréhensible et une empathie réelle et protectrice pour les enfants,d’une rage exterminatrice que je trouve un peu exagérée. Plus besoin de tribunaux pour juger de l’importance et de la gravité des faits du moment qu’un tel est désigné comme pédophile. On le brûle, on éteint, on le rebrûle... Quelle merveilleuse société normée nous proposent-ils... »