Sur l’évaluation
Tout évaluation n’évalue que ce qu’on veut évaluer. Il y a toujours des biais.
D’autre part, toute personne peut toujours s’améliorer, à tout âge, et même si les retards scolaires sont importants. Il ne faut jamais oublier cela.
Maintenant, il y a plus dangereux qu’une évaluation : ce qu’on va en faire. Tombée en de mauvaises mains, on peut faire une lecture biaisée de l’évaluation afin de conduire certaines réformes. Surtout quand on sait que Sarkozy et sa clique croient en l’héritabilité de la délinquance ou à certains facteurs prédictifs de délinquance à travers des difficultés de comportements à 4 ou 5 ans. Malheureusement pour les Madame Irma, il existe des études longitudinales qui invalident ce postulat.
J’ai rapidement lu il y a quelques jours les items proposés. Apparemment, sur le plan cognitif, c’est pour évaluer la mémoire de travail, surtout le visual sketchpad et plus encore la loop phonologique. Mais je ne peux être catégorique, il faudra étudier cela à tête reposée.
Si cette évaluation sert à détecter les élèves qui ont des problèmes avec leur mémoire de travail, pour leur proposer une remédiation, alors c’est bien. Car pris en charge tôt, ces élèves pourront avoir de meilleurs résultats scolaires, mieux lire et comprendre ce qu’ils lisent, compter et résoudre des problèmes. Malheureusement, ça m’étonnerait que l’EN ait les moyens de proposer ce service. Je crois que c’est surtout pour trier le bon grain de l’ivraie et là, c’est dangereux, parce qu’on priverait des centaines de milliers d’élèves d’un avenir.
On me dira alors « mais pourquoi évaluer le comportement ? ». Parce que le comportement comme les troubles de l’attention sont dépendants de la mémoire du travail, plus particulièrement de l’administrateur central. Ce qui est le plus gênant ici, c’est qu’il y a des items sur la politesse, et là, on mesure autre chose.
Bref, je crois que c’est le mythe du Qi et de la psychologie différentielle qui revient en force ici, avec toutes les dérives eugénistes.
Sur l’effet Pygmalion que j’ai lu dans les commentaires
Cet effet appartient aux prophéties auto-réalisatrices, dans lesquelles on peu placer l’effet Hawtorne ou l’effet placebo.
Les recherches ont été conduites par Robert Rosenthal et Lenore Jacobson. On a administré aux enfants des tests de QI (donc pas de devoirs classiques), et effectivement, leur performance s’est nettement améliorée, avec pour certains groupes, un gain très important.
Cependant, cette expérimentation est le fruit de nombreuses controverses (mais je ne connais nulle vérité absolue), notamment par Arthur R. Jensen (quelqu’un qui propose des théories pas très respectables et qui a pour habitude de critiquer les travaux d’Harvard) dans l’Harvard Educational Review. Un auteur, Herman Spitz a fait une critique plus constructive de l’effet Pygmalion, dans un article paru en 1999 ou 2000 (je ne m’en souviens plus) dans la revue Intelligence.
L’effet Pygmalion n’a pas seulement fonctionné dans la classe d’Oak, mais aussi auprès de militaires de l’air force et de salariés (voir Pygmalion in Management de Dov Eden).