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Commentaire de easy

sur (Re)devenez humains, respectez les animaux !


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easy easy 15 octobre 2011 12:04

Au soir de ma vie, ce que je regrette le plus c’est qu’à son aube, on ne m’ait pas inculqué comme principe premier la censure de la cruauté.
 (Dans les cours de catéchisme, il n’était pas explicitement appelé à éviter la cruauté et il était même assez clairement question de la cruauté des enfers)

C’est une affaire très compliquée que d’installer cette censure pour en faire un tabou à partir de la situation actuelle.

Car dans la situation actuelle et nonobstant les mille guerres que nous menons, nonobstant les formes les moins physiques ou visuelles de la cruauté, il y aurait à débattre du cas de l’âne portefaix et du poisson hameçonné.
Il ne fait aucun doute que le fait de repousser vers un minimum toujours plus minime la cruauté de l’homme, conduirait à des problèmes inédits. 

Le fait que des problèmes nous attendent au pôle de l’acruauté, ne devrait pas nous empêcher d’explorer l’hémisphère où il se situe car c’est tout un monde du relationnel qui est à découvrir alors que nous sommes en train d’étouffer d’entassement dans l’hémisphère de la cruauté

Et ce n’est pas la colonisation qui a inventé la cruauté mais plutôt la vie à la fois sédentaire et grégaire. La cité est le berceau de la cruauté

Dans la gamme des agissements humains, il y a ceux qui résultent de spontanéités ou réflexes ou pulsions et ceux-là, chacun comprendra la difficulté à les rendre idéaux. Et il y a ceux qui résultent d’action concertée, qui se veulent réfléchies et calmes, qui se prétendent non hystériques.

Or, dans cette seconde catégorie d’agissements, les plus sages donc, on trouve par exemple les condamnations de Justice.
Hormis le cas des deux femmes au bébé face à Salomon, tous les autres jugements avec condamnation demandent qu’une cruauté soit imposée au vilain.
Par exemple, pour 7 minutes d’abus sexuel, on peut, en toute réflexion et sagesse, imposer à un individu de subir 130 ans d’incarcération dans des conditions très dures.
 
Au moment d’une affaire graveleuse, la masse s’hystérise et on entend alors des gens exiger contre le vilain les pires supplices (Lu sur ce site : « On le brûle une minute, on l’éteint, on le rebrûle une minute, on l’éteint... »).
Et à ce moment là de ce qu’on appelle le lynchage public, il n’y a plus aucune personne sermonnant ceux qui appellent à ces tortures. La manifestation de la cruauté humaine est alors totalement libre et personne, absolument personne n’a jamais été même grondé pour avoir émis des incantations aussi cruelles lors de ces moments d’hystérisation collective.
Et si à la sortie d’un jugement, le vilain n’a pas été condamné à être écorché vif, ceux qui hurleront au scandale pour le produire, ne seront en rien inquiétés.




Ca fait une poignée d’années seulement que dans nos moments de sagesse, nous avons refusé la torture en tous cas celle qui se réalise devant la foule. Et à la moindre guerre, nos instances les plus sages pratiquent la torture en cachette. Cela, pendant que dans d’autres Cités, la torture publique est pratiquée en toute officialité et lumière.

A l’intérieur même de notre sens de la Justice trône la cruauté. Et se placer en victime ouvre des droits nullement contestés à exiger de la cruauté contre un accusé.





Concernant le Christ et ce qui en découle, passé le moment qui avait immédiatement suivi la crucifixion où certains avaient été horrifiés, il s’est progressivement installé une fascination auto entretenue pour ce supplice. Si au début de la chrétienté, il y avait peut-être eu le culte du rejet de ce supplice, il sera devenu au fil du temps, quelque chose d’autre d’un seul symbole de refus. Il sera quasiment devenu une sorte de figure à imiter. Tous les spectacles de type procession avec un type déguisé en Christ trimbalant une croix et barbouillé de sauce tomate, ont inévitablement conduit certains à imiter le Seigneur et on a vu un Philippin demander à être crucifié en manière de suivisme. 

Au lieu de devenir le symbole de ce qu’il y a à exécrer, la Passion est devenue, sans restriction aucune, une chose à revivre, à reproduire, à vénérer.
Et si à l’occasion de la mort de son fils dans quelque bataille, une mère s’effondre, si elle porte le voile, si le décor est d’antique, un photographe ne manquera pas d’en saisir l’instant en preuve qu’il a revu Marie-Madeleine. On veut revoir le Christ, on veut revivre de la crucifixion




Je suis convaincu qu’il y a un monde énorme à explorer en se dirigeant vers l’acruauté. Mais cette exploration est difficile. Et à mon sens, il faudrait commencer par introduire cette démarche en acruauté dans le domaine de la Justice. 

On a certes eu du mal à se résoudre à ne plus condamner à mort (mais c’est très limite car beaucoup voudraient y revenir). En fait, il n’est pas du tout certain qu’en nous contentant de l’abolir, nous ayons quitté l’hémisphère de la cruauté. Car cela nous aura incités à réclamer, sans problèmes de conscience, des peines d’emprisonnement de durée infinie.
Il est archi évident qu’il serait moins cruel de proposer à tous ceux qui sont condamnés à des incarcérations, une capsule de cyanure ou une balle de plomb. Nous le savons tous, nos prisonniers iraient peut-être à 50% à préférer la mort immédiate. Nous le savons si bien que nous devons multiplier les précautions pour que nos prisonniers ne se suicident pas avec le moindre bout de ficelle ou de fourchette. Nous le savons mais nous ne débattons jamais, vraiment jamais de ce « paradoxe » car il avoue que l’enfermement total est une cruauté des plus perverses.

Puisqu’en siégeant calmement en conciles, nous trouvons logique et salutaire ou profitable de faire subir un enfermement à des gens qui lui préfèreraient la mort, nous envoyons un signal implicite à chacun, signal qui dit que l’exercice de la cruauté est salutaire, est solution. Reste alors à chacun à appliquer ce principe de lui-même, en solitaire. Ainsi, nous nous retrouvons à torturer des gens qui ont tortturé parce que nous torturons parce qu’ils torturent...





Il se pourrait, ce serait alors un vaste débat inédit, que notre névrose du toujours plus de fric soit profondément liée à la peur que chacun ressent devant la possibilité de devoir subir, en raison de quelque faute, la torture qui ne dit pas son nom, l’incarcération.
Car partant du fait établit qu’on risque moins un mauvais sort de ce genre en ayant soi-même un grand pouvoir politico-économique, chacun ne peut que fantasmer d’en être épargné en accédant, lui aussi, au Capitole.
Si cette course qu’entreprend chacun vers l’hyper citoyenneté est vrai, il y a deux manières de la traiter. Soit on décide de torturer également les gens de pouvoir (ce qui est la direction que choisissent la plupart des journalistes -les professionnels comme les amateurs- ce qui les classe automatiquement vers la « gauche ») soit on décide de ne plus torturer personne.


Dans le jeu qui s’opère autour de la torture, à défaut d’accéder au statut d’hyper citoyen par le fric, l’alternative, pour posséder un autre grand pouvoir, consiste à s’allier la foule en son état d’hystérie. Et c’est cela qui fait la voie du journaliste dénonciateur des hyper citoyens « Regardez comment ils profitent de nous, crucifions-les ».

Pour hystériser les masses et les manipuler vers quelque cible-Lune qu’il désigne de son doigt, le journaliste, le pro comme l’amateur, doit alors apparaître archange, révélateur, donc apocalyptique. Il doit révéler une perspective plus cruelle encore.
Et de même qu’il y a compétition entre ceux qui réussissent à approcher du Pouvoir par le fric, il y a compétition entre les journalistes-archanges. La foule hystérisée suit le doigt de celui qui montre les perspectives les plus cruelles.


Le principe manipulatoire est vieux comme le monde dans cet hémisphère de la cruauté. Ceux qui s’appelaient autrefois des prédicateurs s’appellent désormais des journalistes. Et depuis Internet, il y en a beaucoup.


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