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Commentaire de Tristan Valmour

sur La machine à broyer l'ancien monde. Vers le contrôle total


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Tristan Valmour 21 octobre 2011 16:20

Bonsoir Jean-Paul

Inutile de vous dire que vous posez de bonnes questions. Mais je ne suis pas d’accord sur tout.

Vous écrivez :

« Le cerveau humain, notamment, n’est-il pas en train de perdre ses spécificités anciennes pour se mouler de plus en plus étroitement sur les machines avec lesquelles il interagit en permanence ? Autrement dit, il en deviendrait une prolongation dépourvue des capacités d’invention et de critique ayant jusque alors piloté le « progrès technique » »

Le cerveau n’a pas de spécificité ancienne, puisqu’il n’a cessé d’évoluer. Sa seule spécificité semble être la plasticité. Il a certes connu un grand bond dans son évolution il y a 60 k – 100 k ans avec les neurones miroirs qui l’ont fait passer de l’évolution darwinienne à l’évolution lamarquienne.

C’est sous l’impulsion de la technique, de la tv-ordinateur-internet qu’il se développe encore plus. On a observé par exemple une augmentation générationnelle du QI, due à une augmentation de la capacité à résoudre des problèmes. Ainsi, en 1932, si le Qi moyen était de 100, en 1990, il était de 120. Cette intelligence, mesurée par les tests (et qui ne rend que très imparfaitement compte de l’intelligence bien sûr), est toujours en augmentation. Voir l’effet Flynn.

A quoi cela est-il du ? A l’augmentation des capacités de la mémoire de travail, sous l’impulsion des technologies. L’environnement est aujourd’hui bien plus complexe et stimulant.

Le risque, qui existe quand même, est d’être inondé d’informations, et d’établir entre eux des liens logiques mais faux, de ne pas avoir le temps de réfléchir. L’abondance d’informations fait en effet travailler les cortex associatifs, et il faut les remettre en cause pour faire fonctionner le cortex frontal.

En fait, il devrait y avoir des cours de réflexion et de créativité. Cela se pratique à Singapour, où on a introduit la Résolution de Problèmes comme matière obligatoire. Les sociétés privées spécialisées en creative thinking, problem based learning se multiplient d’ailleurs. Shangaï a aussi adopté ce modèle. Et devinez où ils ont pris cette idée ? Chez les Français qui parlaient depuis longtemps d’enseignement par situation-problème. C’est drôle non ?

Quant à la manipulation que vous évoquez succinctement, vous savez, on a des systèmes de sécurité infracognitifs qui se déclenchent en cas de perte de contrôle, alors je ne me fais pas trop de souci. A toute chose existe une chose contraire, et la manipulation fonctionne jusqu’à un moment où ce système de sécurité (dans les amygdales) se déclenche et provoque une réaction de rejet. La plasticité n’est pas tout, il y a aussi l’émotion.

Pour les ravages de la télé sur les apprentissages, je vous invite à lire mon dernier article qui fut si bien accueilli hihi.

Je vous invite aussi à lire un livre de Richard Brodie sur les mèmes. Je crois qu’il s’appelle « virus of the mind ». Je ne me souviens plus de la suite du titre.

Au plaisir de lire un autre article.


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