ÉLYSÉE-MOI, BANDE DE NAZES !
Comme je vais vous le prouver, j’ai toutes les qualités requises pour exercer cette fonction prestigieuse :
1. Comme tous les candidats, je sais que les électeurs veulent le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière. Je vais donc leur promettre la Lune.
2. Comme tous les candidats, j’ai une moralité douteuse, qualité indispensable pour diriger la France, république bananière bien connue dans l’hémisphère nord du fait du réchauffement climatique. J’ai un compte à l’UBS en Suisse, des amis à l’abri des juges grâce à l’impunité parlementaire et des soutiens financiers obscurs qui versent en liquide sur des comptes à Jersey.
3. Comme tous les candidats, mon seul souci est le bien-être des Français, le mien surtout, car une campagne électorale - serait-elle perdue - va me procurer une notoriété durable et m’ouvrir les plateaux de LCI, Canal +, France 3 et les colonnes des grands médias. Je n’aurai plus qu’à monnayer ma gloire.
4. Comme tous les candidats, j’utilise la séparation des êtres humains en deux familles bien distinctes : les cons et les salauds. Les premiers élisent les seconds, moins nombreux mais mieux organisés. Le con, comme son nom l’indique, n’est pas très finaud : il croit qu’en allant pisser dans un isoloir il va changer sa vie alors qu’il change seulement le clan de salauds qui va lui en faire baver. Ainsi va le monde depuis Périclès, inventeur grec de la démocratie, modèle le plus abouti de l’exploitation du con par le salaud.
5. Comme tous les candidats, j’ai un panel d’amis sûrs : mon boucher-charcutier et sa panoplie de couteaux, des vrais frères attendant l’héritage, des enfants soignant mon arthrose avec des crustacés au vin blanc et des garagistes très attentifs à la largeur de mes plaquettes de frein. À voir leurs sourires quand je rentre dans les salles de meeting, je devine que Blandine dans la fosse aux lions devait se demander où était passé son déodorant.
6. Comme tous les candidats, l’avenir m’importe peu. Si j’alertais les Français sur la fin du monde, la fin des haricots, la disparition des hannetons et la fonte des banquises, je risquerais de les inquiéter. Non, ce qui me chaut, c’est le présent, c’est mon élection et la longueur de l’escorte policière qui me transportera vers les avions du GLAM, en évitant les quartiers chauds où sévissent les jeunes basanés qui votent le pavé à la main. Ne mélangeons pas les serviettes de ministre avec les torchons des tchadors.
7. Comme tous les candidats, je déteste la langue et les chèques en bois. Je ne parle que le langage de la vérité : oui, j’ai un Jacuzzi dans ma salle de bains, oui ma femme est une salope mais elle est rentrée à la maison voir si le frigo est plein, oui je suis un fils de bourge mais rien de ce qui préoccupe les pauvres ne m’est étranger puisque je cotise à la tombola du curé, oui j’ai un cancer de la prostate mais ça se soigne très bien, oui j’ai eu des amis corrompus mais on ne se voit plus, oui j’ai liquidé toute opposition dans mon parti mais c’était pour leur bien, et aussi pour le mien !
8. Comme tous les candidats, je représenterai dignement la France dans les sommets internationaux en faisant goûter à Bush le roquefort national et à Ben Laden le saucisson truffé de Lyon. Je ferai essayer au président d’Israël nos prothèses pour enfants estropiés par les bombes à fragmentation et je montrerai la fiche de paye d’un salarié de Peugeot au président chinois pour qu’il comprenne à quel point il vit dans un paradis ouvrier. J’offrirai à Poutine les oeuvres complètes de Marx pour qu’il pige ce qu’est l’enfer auquel il a échappé.
9. Comme tous les candidats, j’appelerai au rassemblement national après mon élection : je serai le président de TOUS les Français et le confident de TOUTES les Françaises. Je les invite à consulter mon site Internet et ma petite annnonce de rencontres, avec ma devise : « Une bonne pipe et au lit ! »
Et maintenant, chers électeurs-trices,
veautez !
Pour moi, évidemment.