Les Amish me font aussi penser aux survivalistes, sauf que ces derniers sont lucides, non seulement de la finitude du monde, mais que nous devons gérer les restes, tout ayant été vite gaspillé par le monde occidental dont le secret de la réussite fut l’irrespect. Alors, j’imagine mal les survivalistes utopistes et faisant autant de petits que Cécile Duflot ou Pierre Rabhi.
Aux États-Unis, les survivalistes redoutent le pire… La première vague du survivalisme remonte aux années 1950, lors des craintes nées du développement de la bombe atomique. Un regain nord-américain non négligeable de cette attitude a été enregistré suite aux attentats du 11 septembre 2001, puis aux effets de l’ouragan Katrina. Le consensus dominant parmi ces adeptes d’une vie de retranchement répond au proche effondrement de notre civilisation, suite aux pénuries annoncées de pétrole, d’eau et de nourriture. Films, littérature et maintenant sites et blogs ne manquent pas sur le sujet, qu’il s’agisse de survivre à des catastrophes dites naturelles où à cette faillite estimée inéluctable et prochaine de la société. Les survivalistes s’adonnent ainsi à un apprentissage constant de techniques de survie.
« Buskirk, New York - Ils ne cherchent pas à sauver la planète, juste leur vie. Convaincus que les réserves de pétrole décroissent irrémédiablement et que l’économie mondiale va dans le mur, des Américains s’installent à la campagne pour mener une vie frugale et autarcique, et certains stockent même des armes pour se protéger de hordes d’affamés non préparés à faire face à la grave crise qui menace, selon ces survivalistes, le pays. » (Samantha Gross, Associated Press, 26 mai 2008).
De l’existentialisme des années d’après-guerre au survivalisme des années d’effondrement, il n’aura fallu qu’un demi-siècle d’insouciance ! À l’opposé du déterminisme, l’humanisme existentialiste pouvait être vu comme une « désinvolture exigeante ». Selon la théorie sartrienne : « L’existence précède l’essence » et « Chaque personne est un choix absolu de soi » (L’Être et le néant, 1943). Quelques décennies plus tard, nourri par la peur inouïe d’un point final de plus en plus inévitable, telle la morale simpliste d’une fable, le survivalisme est une réponse à nos abus, à notre incurable insouciance, à notre fieffé anthropocentrisme, le tout couronné d’une réfutation écologique indécrottable.