Voici un texte de Jean Brière qui a parfaitement sa place ici .
Très long, je le publie en 3 parties.
Les Pieds Nickelés de la « La Décroissance » : Vincent Cheynet, Paul Ariès et Bruno Clémentin sont au service de qui, de quelle cause et de quelle classe ?
PARTIE 1
Citation de François de Ravignan : « Bientôt lorsque l’on ne pourra plus nier l’effondrement des écosystèmes, la tentation de réduire brutalement et par tous les moyens cette population, deviendra vite puissante. »
Paul Ariès, figure de proue de la revue La Décroissance et de Sarkophage et ses associés co directeurs de la revue La Décroissance bénéficient d’une couverture médiatique qui leur permet de passer pour des idéologues décroissants et à ce titre peuvent abondamment diffuser leurs obsessions natalistes et antimalthusiennes parmi une gauche qui vit sous l’emprise de l’antimalthusianisme marxiste.
Remarques sur le numéro 3 des cahiers de l’IEESDS (cahiers de l’institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenable), Président Bruno, Clémentin, dont le titre est : La décroissance contre Malthus.
Nos trois idéologues accommodent Malthus à leurs propres fantasmes : c’est un eugéniste, un infâme, etc. Bien entendu, ils n’ont jamais lu l’essai sur le principe de population et Il est donc nécessaire de situer au préalable Malthus dans son siècle et d’expliquer son actualité. Reportons nous à : Essai sur le principe de population Malthus, profil d’une oeuvre par Louis Salleron, pour rappeler l’essentiel sur Malthus.
Citation du paragraphe de la première édition de l’Essai, supprimé dans les éditions suivantes et qui souleva l’indignation générale : « Un homme qui est né dans un monde déjà occupé, s’il ne lui est pas possible d’obtenir de ses parents les subsistances qu’il peut justement leur demander, et si la société n’a nul besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la moindre part de nourriture et, en réalité, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n’y a point de couvert disponible pour lui, elle lui ordonne de s’en aller, et elle ne tardera pas elle-même à mettre son ordre à exécution, s’il ne peut pas recourir à la compassion de quelques convives du banquet. Si ceux-ci se serrent pour lui faire place, d’autres intrus se présentent aussitôt, réclamant les mêmes faveurs. La nouvelle qu’il y a des aliments pour tous ceux qui arrivent remplit la salle de nombreux postulants. L’ordre et l’harmonie du festin sont troublés, l’abondance qui régnait précédemment se change en disette, et la joie des convives est anéantie par le spectacle de la misère et de la pénurie qui sévissent dans toutes les parties de la salle, et par leurs clameurs importunes de ceux qui sont, à juste titre, furieux de ne pas trouver les aliments qu’on leur avait fait espérer. »
Le poète Coléridge ancien condisciple de Malthus au Jésus Collège condamnera Malthus en ces termes : « Je déclare solennellement qu’aucune des hérésies, sectes et factions engendrées par l’ignorance, la faiblesse et les vices des hommes n’ont déshonoré l’humanité autant que cet abominable essai ».
Les protestations d’innocence du Révérend n’y feront rien : « Tout lecteur équitable doit, je pense, reconnaître que l’objet pratique de l’auteur a eu en vue par-dessus tout, quelque erreur de jugement qu’il ait pu faire d’ailleurs, d’améliorer le sort et d’augmenter le bonheur des classes inférieures de la société »
Malthus vivait une période où la population anglaise croissait rapidement 5 800 000 habitants en 1700, 9 168 000 habitants en 1801, l’essai est de 1798. L’enclosure des communaux favorise l’élevage au détriment de la production céréalière. D’exportatrice de blé, l’Angleterre devient importatrice. Cette mutation entraîne des souffrances considérables pour les campagnes, aggravées par l’état de guerre endémique. Cette réalité qu’il a sous les yeux est pour Malthus, avec l’échec des workhouses, un démenti formel à l’optimisme des utopistes révolutionnaires qui promettaient l’abondance grâce à la révolution.
L’Essai est en fait une réponse directe à Godwin qui dans « The inquierer » essai sur « L’avarice et la prodigalité, enquête concernant la justice politique et son influence sur le moral et le bonheur » écrivait : « Des myriades de siècles de population toujours croissantes peuvent s’écouler sans que la terre cesse de suffire à la subsistance de ses habitants ».
Il reproche aux utopistes et révolutionnaires d’être des hypocrites et des égoïstes. Il leur dit en substance : vos aumônes n’empêchent pas la misère de croître, vous promettez que la révolution va résoudre tous les problèmes or la révolution n’a jamais éradiqué la misère. Vous n’attaquez pas le mal à la racine, si les pauvres limitent leur progéniture ils pourront alors et seulement alors accéder à l’aisance.
Ce que ne voyait pas Malthus, c’est qu’il s’agit là d’une condition nécessaire mais non suffisante.
Les débats avec les penseurs de son temps et la situation tant de l’Angleterre que du développement démographique de la colonisation de peuplement de l’Amérique du Nord au détriment des populations amérindiennes, l’amènent à penser que si les masses sont dans la misère, c’est parce que la production agricole ne peut suffire à les nourrir. Le doublement de la population des colons d’Amérique tous les 25 ans est dû à ce qu’ils disposent de nouvelles terres. Ce doublement tous les 25 ans a été à l’origine de la « loi » de progression géométrique de la population. Signalons que Malthus n’a pas une pensée pour les Indiens : « une race appelée à disparaître » En dernière analyse, le chiffre de la population s’aligne sur la masse des subsistances, Il écrit : « Plutôt que de considérer les maladies et les épidémies comme des châtiments de la providence, il vaudrait mieux y voir une indication de la violation de quelques lois de la nature »
Ni le progrès technique ni le progrès par la révolution ne peuvent remettre en cause les lois de la nature. En bref il était persuadé avoir trouvé la recette du bonheur collectif de l’humanité, recette fondée scientifiquement.
En fait il applique à l’homme les lois de la nature. Raynal un contemporain écrivait : « c’est une observation du docteur Franklin, qu’il n’y a aucune limite à la faculté productive des plantes et des animaux, si ce n’est qu’en augmentant en nombre ils se dérobent mutuellement leur subsistance ».
L’espèce humaine n’échappe pas à cette loi. C’est d’ailleurs la lecture de Malthus qui chez Darwin est à l’origine du concept de la lutte pour l’existence comme moteur de l’évolution. La compétition pour les subsistances est la seule loi générale du vivant (végétaux, animaux , humains ).
Le même Raynal écrit : « La plus sûre marque de la population de l’espèce humaine est la dépopulation des autres espèces ».
En clair, l’effondrement de la biodiversité est directement lié à la multiplication de l’espèce humaine.
L’exécration vouée à Malthus par tous les révolutionnaires. Exemple, Proudhon : « Il n’y a qu’un seul homme de trop sur la terre, c’est Monsieur Malthus ». Et Karl Marx : « Ce qui caractérise Malthus, c’est la vulgarité absolue des sentiments, vulgarité que seul peut se permettre l’ecclésiastique qui voit dans la misère humaine la punition du premier péché, qui a besoin de cette vallée de larmes, mais à cause de ses grosses prébendes et à l’aide du dogme de la prédestination, juge avantageux d’adoucir aux classes dirigeantes cette vallée de larmes », s’explique par sa prétention à l’objectivité scientifique. Laquelle explique la brutalité du petit apologue de la première mouture de l’Essai.
Malthus écrivait : « Depuis cette loi de population, qui toute exagérée qu’elle puisse paraître énoncée dans ces termes, n’en est pas moins celle qui répond le mieux à la nature et à la condition de l’homme, IL EST BIEN EVIDENT QU’IL DOIT EXISTER UNE LIMITE A LA PRODUCTION DE CES SUBSISTANCES ET DE QUELQUES ARTICLES NECESSAIRES A LA VIE ».
Paradoxe, ce croyant, on ne peut plus sincère, désacralise l’homme : l’homme est un animal ordinaire qui doit respecter les lois de la nature qui régissent la vie sur terre. ( Lois crées par Dieu).
Partant, il saccage les illusions d’une croissance sans limites promise par nos révolutionnaires après la mise à bas du capitalisme, d’où leurs hurlements.
Il est le premier a avoir attiré l’attention sur les problèmes démographiques et le premier à prendre en considération que la terre est un espace fini et que les ressources ne sont pas inépuisables.
La crise écologique actuelle met nécessairement Malthus au premier rang de l’actualité, l’explosion démographique du XXe siècle est une composante fondamentale de la crise écologique.
Les emprunts de citations à l’ouvrage de Salleron m’autorisent à citer les considérations personnelles de Monsieur Salleron le rédacteur : elles montrent à quoi se réduit l’argumentaire antimalthusien des tenants de la croissance : « Le cas le plus grave est celui de la France, non pas à cause du taux actuel de natalité, mais si la France avait eu au XIXe siècle une natalité analogue à celle de nos voisins, elle serait actuellement un pays de 80 ou 100 millions d’habitants, mieux armée pour la compétition mondiale. Cet accroissement est nécessité par le progrès technique ».
Fi d’autres considérations, il faut plus de travailleurs parce que le progrès technique et la compétitivité l’exigent.
Autre citation de l’ouvrage : « Mater et Magister 15 mai 1961 ....... S’il y a un problème démographique la solution ne doit pas être cherchée dans des expédients qui offensent l’ordre moral établi par dieu et s’attaquent aux sources même de la vie humaine, MAIS DANS UN NOUVEL EFFORT SCIENTIFIQUE DE L’ HOMME POUR AUGMENTER SON EMPRISE SUR LA NATURE ».
Jusqu’à preuve du contraire, c’est grâce à l’effort scientifique que la contraception existe, mais les antimalthusiens ne sont pas a une contradiction près.
04/03 11:26 - marie
Michel, tout à fait d’accord avec ton opinion sur La Décroissance (Cheynet , Ariés (...)
24/12 14:03 - Takeo85
Article qui aura eu l’intérêt de me faire découvrir une facette de Paul Ariès qui (...)
04/11 18:33 - Michel Tarrier
PARTIE 4 (FIN !) (Un découpage en 3 ne suffisait pas !) Après une longue critique des (...)
04/11 18:32 - Michel Tarrier
PARTIE 3 Analyse de trois articles de la Décroissance contre Malthus Il va de soi que la (...)
04/11 18:30 - Michel Tarrier
PARTIE 2 Pourquoi les écologistes sont nécessairement malthusiens ? Comment se fait-il que (...)
04/11 18:28 - Michel Tarrier
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